1968 : Le triptyque Lucía dessine la libération de Cuba

Photo du film Lucía © DR

Un même prénom pour trois femmes. Lucía est le premier long métrage du génie cubain Humberto Solás. Le film se divise en trois parties distinctes, avec une intention et une mise en scène propre à chacune d’elles, pour retracer au mieux l’histoire des femmes de Cuba, de tous les Cubains, à des moments clés de la libération du pays.

Une Lucía, une époque. Chaque personnage recouvre une époque de l’histoire cubaine et une classe sociale différente. La première, interprétée par Raquel Revueta, vit en pleine guerre d’indépendance contre l’Espagne en 1895. Vient ensuite Eslinda Núñez qui incarne la Lucía des années 1930, engagée contre le dictateur Machado. Enfin, Adela Legrá, au début de la Révolution cubaine.

Le film de la consécration. Lucía fait entrer le nom de Humberto Solás dans la légende du cinéma. Les critiques y voient des inspirations allant de Visconti à Kurosawa, ils saluent une œuvre fougueuse, une grammaire intelligente, une précision réaliste. Le réalisateur est consacré pour l’audace dont il fait preuve dans le récit de la libération d’un peuple et la dénonciation d’une société durement machiste.

Humberto Solás a élevé le cinéma cubain. Il a tout juste 18 ans lorsqu’il réalise son premier court métrage. Avec Lucía, il amorce un roman cinématographique dédié à l’histoire cubaine, souvent au travers d’un regard féminin, dont le point d’orgue est Cecilia (en Compétition à Cannes en 1982). Avant sa mort en 2008, Humberto Solás crée le curieux Festival du cinéma pauvre, consacré aux projets à petit budget et au cinéma alternatif, dans le village méconnu de Gibara.

Une présentation de la Film Foundation. Restauré par la Cineteca di Bologna au laboratoire L’Immagine Ritrovata en association avec l’Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos (ICAIC). Restauration financée par Turner Classic Movies et The Film Foundation’s World Cinema Project.