À genoux les gars, le regard d’Antoine Desrosières

A genoux les gars - photo du film

 

Après Haramiste (moyen métrage, 2015), le réalisateur, scénariste et producteur français Antoine Desrosières revient sur les thèmes de l’interdit et du désir dans À genoux les gars, une comédie sans détour présentée à Un Certain Regard, où l’on retrouve les sœurs Yasmina et Rim.

Racontez-nous la genèse de votre film

Comment l'interdit provoque la frustration : tel était le sujet de Haramiste, notre film précédent. Comment la frustration engendre la violence : voici ce que nous voulions développer dans la deuxième partie de notre diptyque. De là à dire que l'interdit provoque la violence, et qu'une société libérée de ses prisons culturelles et tabous réintroduirait en même temps plus d'égalité, plus d'épanouissement, et plus d'amour, il n'y a qu'un pas qui est l'utopie sous-tendue derrière ces constats.

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

Nous avons tourné 410 pages de scénario en 18 jours de tournage sans heures supplémentaires. C'est dire que les acteurs connaissaient leurs textes et que nous filions droit.

Quelques mots sur vos interprètes ?

Cinq jeunes choisis parmi 1900 vus durant 14 mois par l'extraordinaire directrice de casting Johanna Lecomte.  Ils se sont affirmés grâce à leur imagination, leur humour, leur intelligence, leur timing, leur recul sur le monde décrit qu'ils connaissent parfaitement bien. Souad Arsane a été rencontrée sur un skate à Porte de Clignancourt à 8h du matin, il y a 4 ans. Elle était bac moins deux, comme moi. Elle n'avait jamais imaginé jouer la comédie. Elle s'est révélée surdouée. Le film ne montre qu'une partie de son talent car elle était aussi extraordinaire dans tous les autres rôles féminins ou masculins, quand nous intervertissions les personnages en répétition. Elle est capable de faire rire ou pleurer et de maitriser 60 pages de texte par jour, soufflant le leur à ses partenaires. Inas Chanti, étudiante en Master de droit, a la tête bien faite. Lors des castings, elle tuait de rire ses partenaires les unes après les autres jusqu'à ce qu'on lui oppose Souad, la seule à résister. Elle est une Louis de Funès d'aujourd'hui, tout en étant capable d'être aussi bouleversante que dans À Genoux les Gars. Sidi Mejai pétille d'inventions inattendues lorsque la caméra tourne, il incarne l'inconscience du personnage face aux horreurs dont il est coupable. Mehdi Dahmane, c'est le clown blanc de Sidi. Et Elis Gardiole, stewart dans le civil, l'incarnation en chair et en os de l'utopie du film: un rayon de soleil.

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de ce film ?

Beaucoup de mots de vocabulaire dans la très belle langue des personnages et des acteurs !

Vos sources d’influence ?

Je suis inspiré par tous les gens merveilleux avec qui le film s'est fait. Les acteurs, les techniciens qui pour beaucoup m'accompagnent depuis mon premier long métrage, il y a 25 ans. Anne-Sophie Nanki, avec qui j'ai écrit tant de scénarios non tournés avant que celui-ci n’aboutisse. La productrice Annabelle Bouzom que j'ai cherchée 30 ans, et qui a 30 ans est la première à ne pas trouver saugrenues mes méthodes de travail.

Quel regard portez-vous sur le cinéma français ?

Il produit à échéance régulière quelques gigantesques cinéastes : Luc Moullet, Joseph Morder, Benoit Forgeard, Antonin Peretjatcko, Julie de Halleux et quelques autres.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

N'ayant pas tourné de long métrage pendant 18 ans, et n'ayant jamais cessé d'écrire, j'en ai pléthore, en cinéma, en série, pour enfants, pour adultes. On verra ce qui se fera !