Le « Black Venus » de Yoon Jong-bin : guerre froide au pays du Matin calme

Photo du film Gongjak © DR

En 2006, le jeune réalisateur sud-coréen Yoon Jong-bin présentait The Unforgiven au Certain Regard, soucieux de dévoiler la brutalité du milieu militaire de son pays. Projeté en Séance de Minuit, Gongjak (The Spy Gone North), son cinquième long métrage, se penche cette fois sur le destin de « Black Venus » (Hwang Jung-min), ancien officier engagé par les services secrets sud-coréens dans les années 1990 pour infiltrer la Corée du Nord.

Séoul, 1993 : Park Suk-young accepte d’endosser le rôle d’espion à la solde des services secrets sud-coréens. Il collectera des informations sur le programme nucléaire et sera « Black Venus » qui parviendra, contre toutes attentes, à gagner la confiance du Parti de la Corée du nord.

Cette histoire vraie sert de fil rouge au dernier film de Yoon Jong-bin, qui s’attache à explorer sans relâche les nuances de la société coréenne. Des tensions qui gouvernent ce pays arbitrairement coupé en deux en 1953, « le seul endroit sur la planète où règne encore la Guerre froide » (le 27 avril, les deux Corées ont cependant signé un accord de paix historique), à l’absurdité d’un territoire partageant un même peuple et deux nations rivales, Gongjak s’interroge, non sans suspense, sur les enjeux qu’implique cette fracture. Le parcours de « Black Venus », dont les exploits ont marqué l’histoire de l’espionnage sud-coréen, est traité d’un point de vue réaliste par le réalisateur qui s’est attaché à la question posée par l’auteur de romans d’espionnage John Le Carré : « Pendant des décennies, nous nous sommes considérés comme des ennemis et nous nous sommes affrontés. Mais dans quel but ? ».

Cho Jin-woong, qui incarne Choi Hak-seong, directeur des services secrets sud -coréens (NIS), évoque en ces termes ses compagnons de tournage « Si je devais qualifier le jeu de Hwang Jung-min, Lee Sung-min et Ju Ji-hoon, je parlerais de puissance, d’un jeu d’une incroyable densité. »