Le Livre d’image : Godard fait durer le mystère

Photo du film Le Livre d'image © DR

Le doyen de la Sélection officielle entre en Compétition. À 87 ans, Jean-Luc Godard a su se montrer engagé, novateur, il a boudé le numérique tout comme il a su jouer avec les nouvelles formes cinématographiques. Il présente cette année Le Livre d’image, œuvre énigmatique.

Loin des conventions, Jean-Luc Godard livre selon Thierry Frémaux un film « dans la veine de ses essais cinématographiques ». A travers des images de fictions et de documentaires, le cinéaste attise la curiosité avec ce qui est annoncé comme une réflexion sur le monde arabe, mystère cultivé jusque dans la bande annonce.

Déjà en 2014, son Adieu au Langage avait tenu en haleine tout le Festival avant sa projection. Le film lui avait valu le Prix du Jury (exæquo avec Mommy de Xavier Dolan) mais, plus que la récompense, c’est la forme qui a interpellé. Il signait à 83 ans un film en 3D, une entreprise loufoque, poétique, philosophique, au bord du lac Léman. Le film a suscité autant l’admiration que l’agacement de la critique, sentiments attisés par l’absence de son auteur.

La présence de Jean-Luc Godard a un écho particulier cette année. D’abord parce que l’affiche de cette 71e édition rend hommage à Pierrot le fou, qu’il a signé en 1965. Mais aussi parce que, cinquante ans après mai 68, le Festival accueille l’un des trublions qui réclamait son annulation et s’insurgeait contre un cinéma déconnecté de la réalité.

La réconciliation avec Cannes n’a pas tardé, quatorze des films de Godard y ont depuis été présentés. En 2010, alors que son Film Socialisme était sélectionné au Certain Regard, le réalisateur en petite forme s’était excusé de son absence en ces termes : « Avec le Festival, j'irai jusqu'à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus. » Passion, toujours.