L’Heure des brasiers, manifeste révolutionnaire argentin

Photo du film La Hora De Los Hornos (L’heure des brasiers) © DR

La Hora de los hornos (L’Heure des brasiers, 1968), fresque documentaire et révolutionnaire sur la dictature et la répression qui règnent en Argentine de 1945 à 1968, est le premier long métrage de l’Argentin Fernando Ezequiel Solanas. Trilogie de quatre heures, le film est divisé en chapitres, dont le premier volet Néocolonialisme et Violence est projeté à Cannes Classics en copie restaurée.

Néocolonialisme et Violence identifie l’origine du mal : la dépendance économique de l’Argentine envers les Etats-Unis et l’Europe comme source de l’abrutissement culturel et social du peuple. L’œuvre, dont les trois parties sont unies par le thème de la dépendance et de la libération, est devenue l’un des symboles de la résistance et de la culture politique de toute une génération dans l’Argentine des années 60 et 70.

Tourné clandestinement dans une Amérique latine gouvernée par des oligarchies et des dictatures militaires pro-américaines, le film engendre la création d’un circuit parallèle du cinéma politique. Le cinéaste parvient à tirer soixante copies du long métrage, qui sont ensuite distribuées aux organisations ouvrières ainsi qu’aux étudiants en politique pour lutter contre le gouvernement argentin. Interdit par toutes les dictatures, il sera néanmoins projeté dans plus de 70 pays.

Fernando Ezequiel Solanas débute son combat pour la liberté d’expression dans les années 60 en créant Cine Liberación, un organisme indépendant de production et de diffusion de films qui résiste contre la désinformation. Cinéaste engagé et résistant, il revisite l’histoire de son pays et continue sa critique du pouvoir dans Les Fils de Fierro, Mémoire d’un saccage – Argentine, le hold up du siècle ou encore La Dignité du peuple. Il accède au Festival de Cannes en 1988 avec Sur (Le Sud), pour lequel il remporte le Prix de la mise en scène, et quatre ans plus tard avec El Viaje (Le Voyage), lauréat du Grand Prix de la Commission Supérieure Technique.