Pawel Pawlikowski et le clair-obscur d’un amour impossible

Photo du film Zimna wojna (Cold War) © DR

Cinq ans après Ida, joyaux oscarisé questionnant la foi d'une jeune nonne dans la Pologne de l'après-guerre, Pawel Pawlikowski renoue avec cette période douloureuse de l'histoire de son pays. Zimna Wojna (Cold War) conte l’idylle impossible d’un couple dans un contexte politique électrique.

En 2013, Pawel Pawlikowski signait l'un de ces chefs d’œuvre hors du temps qui vous imprime à jamais la rétine. Dans Ida, le réalisateur polonais filmait les retrouvailles entre une religieuse sur le point de prêter serment et sa tante, qui s’unissaient dans la quête d'un secret de famille sur les routes d’une Pologne en ruine.

Le long métrage se distinguait par sa forme contemplative et abstraite, tranchant alors avec le bouillonnement d'images parfois proposé par le cinéma. Noir et blanc somptueux et plans fixes épurés, épousant avec délicatesse les visages des deux protagonistes : au travers du portrait de ces femmes tourmentées par leurs combats intérieurs, Ida sondait un pays toujours meurtri par la Seconde guerre mondiale.

Dans Cold War, Pawel Pawlikowski renoue avec certains des préceptes visuels qui ont fait toute la magie d'Ida. Le long métrage a été tourné en noir et blanc et dans un format 4/3 entre Paris, Lodz et Wroclaw. Là, se déploie entre 1949 et 1964 cette histoire d’amour passionnée mais impossible, en partie inspirée par celle des parents du réalisateur.

Cold War (Zimna Wojna) relate l’idylle contrastée entre Wiktor et Zula, un musicien et une jeune chanteuse issus d’horizons différents. Le récit s’étire entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, tandis que s’installe la Guerre froide. La musique, que Pawel Pawlikowski a voulue centrale dans la rencontre entre ses deux protagonistes, baigne ce film parsemé d’ellipses dans une atmosphère empreinte de notes de jazz et de rock’n’roll.

Au casting de Cold War figure Joanna Kulig, qui a collaboré avec Pawel Pawlikowski dans La femme du Ve (2011) et Ida, mais également Agata Kulesza, qui interprétait brillamment dans cet ultime long métrage une juge communiste en disgrâce.