Le scandale de l’Âge d’or

Photo du film L'Age d'Or © 1929 Les Grands Films Classiques

Le film scandale L’Âge d’or de Luis Buñuel, Palme d’or à Cannes en 1961 avec Viridiana, est projeté cette année à Cannes Classics en version restaurée dans le cadre de l’hommage qui lui est rendu. Dans ce long métrage, censuré pendant plusieurs années, le réalisateur mexicain dénonce avec provocation les idéaux de la bourgeoisie : famille, patrie et religion.

L’Âge d’or raconte l’histoire d’amour entre deux amants qui, malgré leur impossibilité de s’unir, se retrouvent poussés et attirés l’un vers l’autre. Cette œuvre surréaliste et provocatrice a été réalisée à la demande et grâce au financement de Charles et Marie-Laure de Noailles, un couple d’aristocrates juifs séduits par le précédent film de Luis Buñuel et Salvador Dali, Un chien andalou (1929). 

Lors de la première, en 1930 devant une trentaine de personnes de l’entourage du couple Noailles, le film ne sera que timidement et poliment accueilli. Sa première projection publique quelques mois plus tard ne convaincra pas les spectateurs. 

Le véritable scandale éclatera lors de la diffusion du film au Studio 28, célèbre salle de cinéma de Montmartre. Des mouvements d’extrême-droite troubleront notamment l’une des projections, allant jusqu’à dégrader des tableaux surréalistes exposés dans le hall de la salle. Un tumulte qui arrivera jusqu’à l’ambassade italienne, qui notifiera le ministre des Affaires Etrangères français de son insatisfaction quant à cette diffusion. Hommes religieux, médias, et hommes politiques protesteront avec ferveur contre L’Âge d’or

Le film sera interdit de diffusion en décembre 1930 par le préfet de police de Paris. Bien que défendu par les surréalistes, notamment par le célèbre auteur André Breton, sa censure ne sera levée que 51 ans plus tard, en 1981, lors de la restauration du négatif original par le Centre Pompidou.