Lettre d’une inconnue, la quête d’un amour impossible

« Lorsque vous lirez ceci, je serai morte… », tels sont les mots d’une inconnue qui se dévoile dès la première scène du film à un célèbre pianiste dandy. Par la voix épistolaire, la jeune femme se révèle : elle l’a aimé au premier regard et cet amour est au cœur de son existence. Pour elle, il est l’amour de sa vie. Pour lui, elle n’est qu’un nom sans visage, parmi tant d’autres.

Construit en flashbacks autour du personnage de Lisa, le film à la mise en scène sobre et élégante nous plonge dans les souvenirs de sa jeunesse, à la source de ses sentiments naissants, pour nous faire vivre petit à petit les tourbillons d’un amour passionnel. Dans la Vienne impériale des années 1900, minutieusement reconstituée et magnifiée par une photographie en noir et blanc teintée de nostalgie, les protagonistes s’apprivoisent et se livrent jusqu’à s’abandonner l’un à l’autre, le temps d’un court instant. Joan Fontaine y est bouleversante dans le rôle de Lisa, qu’elle incarne tout en délicatesse, retenue et mélancolie, et déploie ainsi l’une des meilleures performances de sa carrière.

Avec Lettre d’une inconnue, Max Ophüls maîtrise avec brio les codes du mélodrame romantique pour raconter un récit bouleversant et sans artifices qui nous renvoie à un sentiment universel : l’amour incompris.