Diam’s sort de dix ans de silence médiatique avec Salam
En France, tout le monde connaît Diam’s. En quatre albums et des hits à répétition, la rappeuse a marqué le paysage musical de ses textes intimes, engagés et ciselés. Mais en 2012, elle fait ses adieux à la scène. Depuis, rares sont les informations à son sujet, sinon une photo où elle porte le voile. Qu’est devenue Mélanie ? Elle se livre dans Salam, un documentaire très intime qu’elle coréalise avec Houda Benyamina (Caméra d’or pour Divines en 2016) et Anne Cissé, qui répond à nos questions.
Comment est né ce projet à trois plumes ?
Mélanie a été approchée par énormément de producteurs pour des fictions, des séries et des documentaires, mais personne ne lui avait proposé de tenir la caméra. Elle a rencontré le producteur, Éric Hannezo, qui lui a donné carte blanche pour trouver le concept du film. Mélanie s’est rapprochée de Houda, elles se sont très bien entendues. Puis je suis entrée dans l’équation au moment où il fallait une scénariste pour structurer la narration. Ensuite, Mélanie m’a fait confiance et m’a proposé d’être coréalisatrice.
Mélanie s’exprime notamment par le chant dans le film. Comment ont été conçues ces parties musicales ?
Mélanie n’a jamais cessé d’écrire. Elle a un rapport privilégié à l’écriture plus qu’à la musique. Il était évident pour elle qu’elle allait prendre la parole de façon poétique dans le film. Elle a écrit les textes mais elle ne revient pas à la musique. Ils ont été mis en musique par la suite et elle les a écrits sur des sujets qui lui sont très chers.
La psychiatrie, le bonheur et l’islam. Ça a été facile d’aborder ces sujets ?
Le premier sujet que voulait évoquer Mélanie, c’est la santé mentale. Expliquer qu’il y a de l’espoir, qu’on peut revenir de cette souffrance. L’autre sujet, c’était sa conversion. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet mais, elle n’a pas eu l’occasion d’exprimer sa vérité, à part dans ses livres. Elle le fait dix ans après, donc avec un grand recul et les mots les plus justes sur son expérience. Mélanie n’est pas en colère, bien au contraire. Je ne connaissais pas son parcours en dehors de la musique mais elle m’a parlé de cette conversion sans honte, de façon ouverte. Elle ne cherche pas à convaincre mais à raconter ce que la spiritualité lui a apporté.
Au début du film, Diam’s est presque absente. Puis on la voit progressivement, dans des plans très larges, puis de plus en plus serrés…
Dès le début, Mélanie savait qu’elle voulait maîtriser la manière dont elle apparaissait à la caméra. Elle ne voulait pas arriver frontalement dès le départ mais graduellement. Il y a les archives avec son public, puis ses proches, elle arrive ensuite en silhouette, avant qu’on la retrouve chez sa mère, filmée de trois-quarts. L’idée était de la révéler de face au moment où elle parle de sa conversion à l’islam. C’est un moment qui lui est intime et joyeux. Elle voulait regarder le public dans les yeux pour expliquer à quel point elle se sent bien.