The Stranger, le regard de Thomas M Wright

Photo du film THE STRANGER de Thomas M WRIGHT © See-Saw Films

Vingt années à cumuler les rôles ont forgé la carrière de l’Australien Thomas M Wright. Son deuxième long métrage, The Stranger, raconte une amitié puissante entre deux hommes : Henry et Mark. Sauf qu’en réalité, Mark (Joel Edgerton) tente de faire condamner Henry (Sean Harris) pour un meurtre non résolu.

Comment avez-vous travaillé sur ce film ?

Les méthodes sont différentes selon le sujet. Les scènes avec mon fils n’étaient pas écrites. Nous les avons filmées pendant plusieurs jours avec une équipe réduite. Leur réussite dépendait de la relation qu’il avait bâtie pendant un an avec son père à l’écran.

La plus grande partie du travail, c’était la préparation. Hormis la phase de recherche et d’écriture, nous avons travaillé toute une année sur la pré-production avec le directeur de la photographie, le directeur artistique et les acteurs principaux.

Quelques mots sur vos acteurs ?

Ils se sont tous profondément plongés dans ce film. Ça a été un processus de confrontation qui nous a laissé des traces. Je ne pourrais jamais assez les remercier pour leur engagement et ne pourrais pas être plus fier de leurs performances. Ils se sont fondus dans le film. Ils ont tous une présence rare et naturelle. J’espère que voir le film achevé aura sur eux un effet cathartique.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir réalisateur ?

A 14 ans, j’ai découvert les films de Stanley Kubrick et c’est devenu comme un second père pour moi. J’avais 18 ans quand il est décédé et j’ai eu l’impression de perdre quelqu’un de ma famille. C’était une relation personnelle et, bien que je n’étais qu’un étranger vivant dans un autre pays, sa disparition m’a longtemps endeuillé.

Au même moment, je suis tombé sur les premiers films de Jane Campion. Je n’avais jamais vu notre environnement filmé comme elle le fait. Ça coule, éclot et remue avec vie et potentiel. C’est à peu près à cet âge-là que je suis devenu acteur. Je pensais que j’avais le truc pour ça sans vraiment le comprendre, mais ça n’impliquait que mon esprit, mon corps et ma voix. Rien d’autre. L’idée d’écrire ou de mettre en scène n’était pas une possibilité. Je sentais que ça ne m’était pas permis. C’est bien plus tard que je me suis mis à la réalisation et je suis très reconnaissant d’en être arrivé là. Ce n’est qu’après avoir travaillé comme acteur avec Jane Campion, à la naissance de mon fils, que j’ai commencé à faire le lien entre mon expérience et la possibilité d’écrire et de réaliser des films.

Quel est votre film culte ?

Blue Velvet. Lynch n’envisage pas la narration comme les autres cinéastes. Il l’aborde de façon traditionnelle mais le sens qu’il y met est personnel, chargé de symboles et de sentiments irrationnels : le langage des rêves. Ce film est une chambre d’écho du cinéma et de tout ce qu’il représente, en particulier le cinéma d’Hitchcock. C’est un film hors du temps. Lynch est le réalisateur le plus particulier que je connaisse.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre prochain projet ?

Je vais citer Kurosawa, qui disait que chacun de ses films était un argument contre le dernier…