À la rencontre des lauréats du 77e Festival

Sean Baker, Palme d or - Conférence de presse © Amandine Goezt

Tout juste récompensés, les lauréats du 77e Festival de Cannes se sont succédés à la tribune face à la presse internationale, à l’occasion d’une conférence de presse exceptionnelle. Morceaux choisis.

Sean Baker, Palme d’or pour Anora

Cette Palme est pour toutes les travailleuses du sexe, j’en ai parlé dans plusieurs de mes films, toutes ces histoires individuelles ne vont peut-être pas changer le monde mais pourront permettre d’éliminer les préjugés. Cela permettra, j’espère, de voir les travailleuses du sexe de manière plus humaine. Anora n’est pas exactement un film mainstream mais j’espère que grâce à la Palme d’or, nous pourrons le montrer dans les multiplex et rappeler au grand public que de tels films existent.

 

Payal Kapadia, Grand Prix pour All We Imagine as Light

J’ai eu la joie de travailler avec des actrices merveilleuses avec lesquelles je me suis liée d’amitié. Ce que nous avons vécu dans la vie réelle a transpiré à l’écran. C’est merveilleux qu’il y ait de plus de plus de films qui soient réalisés par des femmes. Les choses évoluent graduellement et de façon plus inclusive. De bons films sont réalisés en Inde, chaque État a une industrie très solide, mais il a fallu trente ans pour qu’un film indien soit à nouveau sélectionné à Cannes.

 

Mohammad Rasoulof, Prix Spécial du Jury pour The Seed of the Sacred Fig

Le Festival de Cannes est le meilleur canal qui soit pour que le film trouve son public, et en particulier pour tous ces millions d’Iraniens que le régime totalitaire a poussés hors des frontières de leur pays, répartis à travers le monde et qui, aujourd’hui, par la grâce de la technologie et des réseaux sociaux, ont une solidarité, une identité à travers le monde.

 

Jacques Audiard, Prix du Jury pour Emilia Pérez

Je ne sais pas si j’ai une recette. Les recettes, c’est l’opposé du cinéma. Mon rapport au temps est peut-être un élément de réponse. Je suis arrivé à la mise en scène assez tard. Je ne construis pas une chose linéaire, mais dans un présent renouvelé. C’est la seule solution que j’ai pour continuer à faire des films.

 

Coralie Fargeat, Prix du scénario pour The Substance

J’ai passé deux ans à l’écrire. Quand il y a très peu de dialogues, l’écriture est d’autant plus importante. Le genre et l’humour sont intimement liés pour moi. Avoir de l’humour dans un film de genre est un moyen de recevoir l’excès. Le genre est un lâcher-prise, il empêche d’avoir peur du ridicule, et c’est une manière de prendre de la distance.

 

Miguel Gomes, Prix de la mise en scène pour Grand Tour

Lorsqu’on travaille avec des images très différentes, tirées de la réalité et tournées dans un studio de cinéma, il faut soigner la transition entre ces deux mondes et inventer une fluidité. Cela a été le principal enjeu de Grand Tour. Nous avons imaginé un espace pour que le spectateur soit plus actif. De manière générale, il y a un rapport inégal entre les spectateurs et les films car, souvent, le spectateur ne peut que s’asseoir. Il est un peu la marionnette du film.

 

Karla Sofía Gascón, Prix d’interprétation féminine collectif avec Selena Gomez et Zoe Saldaña pour Emila Pérez

Je ne pensais jamais vivre un moment comme celui-là. Surtout pour moi qui ai surtout reçu des coups de pied. Ce prix ne m’est pas seulement consacré, il est dédié à toutes les personnes qui luttent pour être elles-mêmes. Ça suffit toute cette haine dont nous sommes victimes. Si ne serait-ce qu’une seule famille pouvait comprendre, alors ce prix aurait une signification extrêmement grande. Le message de ce film, c’est qu’il y a toujours un moyen de changer et de s’améliorer, quelle que soit la détresse dans laquelle on peut se trouver.

 

Halfdan Ullmann Tøndel, Caméra d’or pour Armand

C’était une véritable aventure car j’ai remarqué que les gens commençaient à parler du film. J’ai remarqué qu’ils faisaient attention à certains détails. C’était une bonne chose que nous ayons pris des risques et que les gens aient vraiment apprécié. Pour moi, il est important de commencer à penser au prochain film.

 

Chiang Wei Liang, Mention spéciale du Jury de la Caméra d’or pour Mongrel

Des membres du public sont venus me voir ces derniers jours pour me dire qu’ils pratiquaient le même métier que la protagoniste du film, à savoir apporter des soins aux autres. Les acteurs aussi ont été félicités dans la rue pour leur performance. Nous en sommes très heureux.

 

Nebojša Slijepcevic, Palme d’or du court métrage pour The Man Who Could Not Remain Silent

Si j’avais été à la place du protagoniste de mon film, je n’aurais pas osé faire ce qu’il a fait. Nous devons tout essayer pour réaliser quelque chose à plusieurs. C’est une première Palme d’or pour la Croatie, mon téléphone n’arrête pas de sonner. Tout le monde s’attend à ce que je fasse un long métrage, on verra.

 

Daniel Soares, Mention spéciale du court métrage pour Bad For a Moment

Nous sommes un petit pays, le Portugal. C’est formidable de voir mon film représenter mon pays, en plus du film de Miguel Gomes.