Le grand critique et écrivain Michel Ciment, disparu hier à l’âge de 85 ans, laisse derrière lui le cinéma orphelin de ses mots.
Directeur de la publication de la revue Positif, producteur de l’émission « Projection privée » sur France Culture jusqu’en 2016, critique depuis plus de cinquante ans dans l’émission « Le Masque et la Plume » sur France Inter, maître de conférences à l’université Paris-VII et auteur de nombreux ouvrages de référence sur le cinéma, et notamment sur Stanley Kubrick, Elia Kazan, Joseph Losey, Francesco Rosi et Jane Campion, Michel Ciment avait consacré sa vie à la transmission de son savoir et de sa passion pour le septième art. Esprit libre et d’une insatiable curiosité, il incarnait à lui seul la cinéphilie, accueillant tous les cinémas et ne laissant jamais aucune œuvre de côté.
Il aura continué à visiter le cinéma mondial jusqu’à la fin et particulièrement au Festival de Cannes dont il ne ratait jamais une édition, infatigable, de projections de presse en projections de gala, arpentant les salles Bazin, Debussy, Buñuel, Lumière… Ses opinions, éclairées et fortes, tranchées et inflexibles, comptaient, et sa voix résonnait dans les couloirs du Palais des Festivals à la fin de chaque séance, parmi ses confrères attentifs. Michel donnait le ton, en France, à l’étranger. Sa disparition doit rappeler à tous l’importance de son legs et la nécessité d’une critique de cinéma ardente et résistante.
Le Festival de Cannes sans Michel Ciment ne sera plus tout à fait le même. Il nous manquera et il manquera au cinéma.