Interview avec Pierre Filmon pour Close Encounters With Vilmos Zsigmond

Photo du film Close Encounters with Vilmos Zsigmond © DR

C’est l’histoire d’une rencontre de cinéma. Celle d’un jeune cinéaste français, Pierre Filmon, et de du Hongrois Vilmos Zsigmond, chef opérateur légendaire qui a entre autres collaboré avec Woody Allen, John Boorman et Martin Scorsese. Close Encounters With Vilmos Zsigmond, tourné en deux ans en Italie, à Paris, en Hongrie et en Californie, retrace cette rencontre. Ce documentaire rend hommage au cinéaste disparu en janvier dernier.

Qu’est-ce qui vous fascine chez Vilmos Zsigmond ?

Tout me fascine chez lui. En tant que cinéphile, son cinéma, que j’ai découvert par un hasard de programmation parisienne et son nom m’a sauté aux yeux. Mon rêve, c’était de le rencontrer et ce rêve s’est concrétisé il y a peu de temps. A notre rencontre, il dégageait  tellement d’humanité, une telle générosité, qu’il est un exemple, une inspiration pour tous les gens qui l’approchent.

Vilmos Zsigmond a fait carrière derrière l’objectif. Comment vous y êtes-vous pris pour le mettre en scène devant la caméra ?

C’est une pression. Il fallait que les images soient à la hauteur, que le moment soit juste, que tout le monde donne le meilleur. Sur la forme, il y a des interviews, des rencontres, des discussions, des moments de vie, entrecoupés d’extraits de films de la carrière de Vilmos, choisis volontairement pour leur force graphique, pour qu’ils correspondent à ce dont on est en train de parler. C’est un jeu de ping-pong entre les images du passé et ce qu’on a vécu aujourd’hui ensemble avec Vilmos.

Dans votre film, on peut voir John Boorman, Isabelle Huppert, John Travolta, Jerry Schatzberg et d’autres grands noms du cinéma. A-t-il été facile de les convaincre ?

Oui, ils l’ont fait parce qu’ils aiment Vilmos. Les gens qui sont là sont très attachés à lui en tant que personne aussi. Quand Isabelle Huppert est venue, ils se sont pris dans les bras. Avec John Travolta, on a beaucoup ri, je n’ai pas pu tout mettre dans le film, le premier montage faisait 1h40. On passait de bons moments ensemble et c’est ce que j’avais envie de capter.

Quel moment vous a le plus profondément marqué pendant le tournage ?

J’arrive à l’American Society of Photographers et là je me retrouve en face de cinq chefs opérateurs des plus incroyables, dont Haskell Wexler, qui est décédé en décembre dernier. Je suis face à ces vieux messieurs qui sont là, entre copains, à se raconter des blagues et je me dis « Tu te rends compte de la chance que t’as d’être là ? C’est un moment magique ! »

Finalement, qu’est-ce qui ressort de cette expérience ?

On va à la rencontre d’un homme exceptionnel à travers sa carrière et on entre dans un rapport très intime avec lui. Je tenais à ce que chaque personne du public ressente un rapport direct avec Vilmos. Je ne suis qu’un passeur, je tends sa bonne parole à ceux qui veulent l’entendre. Il ne parle pas fort, ce qui demande au spectateur d’avoir une attention supplémentaire : laissez-vous bercer par Vilmos et vous allez faire une rencontre formidable !