Rencontre avec Paolo Sorrentino, membre du Jury des Longs Métrages

Paolo Sorrentino © Valery Hache / AFP

Il Divo (Prix du Jury en 2008), This Must be the Place (2011), La Grande Bellezza (2013) et Youth en 2015. En 2016, il tourne sa première série, The Young Pope, avec Jude Law en pape… décalé. Paolo Sorrentino est la relève confirmée du cinéma italien contemporain, et il a à cœur d’assurer son rôle de membre du Jury 2017 des Longs Métrages présidé par Pedro Almodóvar.

Comment abordez-vous votre rôle de membre du Jury des Longs Métrages de cette édition 2017 ?

Je visionne les films avec un œil de spectateur et de réalisateur. Je recherche l’équilibre entre le film et la vérité du film. La vérité repose, selon moi, sur l’honnêteté du récit, sur la volonté de ne pas tricher avec le spectateur, et sur celle de restituer la vérité au travers de cette fausseté de l’art cinématographique. Voilà le grand jeu du cinéma.

« Le grand jeu du cinéma, c’est de partir du faux pour tenter de trouver la vérité »

Un mot sur l’ambiance dans le Jury ?

Les relations dans le Jury sont fantastiques, il y a un grand respect réciproque, un grand sens démocratique, même si nous avons tous des personnalités très affirmées. Et notre président est très fort, il prend très au sérieux le destin des films et celui des réalisateurs qui demandent une grande attention de la part des Jurés. Je pense que Pedro Almodóvar nous guide dans ce sens, il nous invite à être responsables et attentifs vis-à-vis des films que l’on découvre.

 

Vos sensations du Festival de Cannes ?

Je peux vous dire qu’il est beaucoup moins stressant d’être membre d’un Jury, à fortiori des Longs Métrages, que de présenter un film, car on ne s’expose pas à la première personne. On fait partie d’un groupe et cela correspond plus à ma personnalité. J’ai l’impression de mieux comprendre le Festival de Cannes en tant que Juré, un festival si mouvementé et rutilant.

 

Quelle relation nouez-vous avec les acteurs sur les tournages, et avec Toni Servillo ?

J’ai une relation très légère, très joueuse avec les acteurs sur le tournage, en particulier avec Toni. Nous avons toujours été en phase, c’est certainement notre côté ironique, notre sens de l’humour… Avec lui, je cherche à créer une ambiance de tournage sereine, pas trop sérieuse, à travailler avec légèreté et sans litiges. J’évite de leur faire sentir le poids du tournage car les acteurs  peuvent être anxieux à l’idée de faire partie d’un film ambitieux. Il est nécessaire à mes yeux d’atténuer cette pression.

 

Avez-vous prévu de filmer Naples , votre ville natale ?

C’est un film auquel je pense depuis vraiment longtemps mais je ne pense pas que ce soit encore le moment d’en parler. Naples est une ville qui appartient à mes émotions. Je la présenterai comme une ville ouverte sur la mer et je parlerai de la grande vitalité de Naples. Rome est plus endormie, les gens se laissent vivre alors que les napolitains réinventent leur vie quotidiennement. Chaque jour, ils décident que la vie doit les surprendre, et moi je veux la raconter comme ça.

 

Quel est votre futur projet ?

Mon futur projet sera un film sur Silvio Berlusconi, avec Toni Servillo dans le rôle-titre. Pourquoi Berlusconi ? Parce que je suis Italien et que je veux faire un film sur les Italiens. Berlusconi est un archétype de « l’italianité » et, au travers lui, je peux raconter les italiens. Il sera tourné à Rome.