Palme d’or : les années 1960

Marcello Mastroianni et Anita Ekberg dans La Dolce Vita de Federico Fellini © Pathé Distribution

 

Dans les années 1960, le Festival de Cannes s’affirme comme le berceau de la cinéphilie internationale : il révèle des cinéastes et récompense des films novateurs. La Compétition est marquée par des Palmes qui déchaînent les passions comme La Dolce Vita de Federico Fellini ou Viridiana de Luis Buñuel. Également miroir des enjeux politiques nationaux et internationaux, il connaît une édition particulièrement mouvementée en 1968. Cette année-là, des réalisateurs tels que Jean-Luc Godard, François Truffaut et Claude Lelouch transforment la manifestation en lieu de contestation et le Festival est interrompu avant sa Cérémonie de clôture.

Retour sur les Palmes d’or d’une décennie en effervescence, à voir et à revoir chez vous...

La Dolce Vita de Federico Fellini (1960)

La Dolce Vita met en scène Rome, ville de toutes les obsessions et de tous les désenchantements. Marcello Mastroianni y joue un chroniqueur mondain désabusé, aux côtés d'Anouk Aimée en grande bourgeoise décadente, et d’Anita Ekberg qui y incarne une sublime et mystérieuse actrice. L’œuvre, onirique et sensuelle, provoque un véritable scandale en Italie où l’on dénonce sa profonde immoralité. Le journal du Vatican va même jusqu’à publier des articles à son encontre. Le film divise l’opinion autant qu’il attire les spectateurs en salles, et devient un véritable succès commercial.

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Une aussi longue absence d'Henri Colpi (1961)

Après avoir été le monteur d’Alain Resnais pour Hiroshima, mon amour (1959) et L'Année dernière à Marienbad (1961), Henri Colpi est approché par Marguerite Duras pour adapter un fait divers. De leur collaboration naît une exploration des traumatismes de l’après-guerre. Patronne de bistrot, Alida Valli se lie avec un clochard amnésique (Georges Wilson) dont la ressemblance avec son défunt mari la trouble profondément… Pour son premier long métrage, Henri Colpi fait appel à Georges Delerue pour composer la musique du film.

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Viridiana de Luis Buñuel (1961)

Silvia Pinal dans Viridiana de Luis Buñuel

Silvia Pinal dans Viridiana de Luis Buñuel © Unión Industrial Cinematográfica

 

Le tirage de la copie ayant pris du retard, Viridiana ne fut projeté que le dernier jour de la manifestation cannoise. Alors même que Une aussi longue absence de Henri Colpi avait déjà été désigné comme meilleur film de la Compétition, le Jury décida de récompenser également le film de Luis Buñuel, en décernant sur scène la première Palme d’or ex-aequo de l’histoire du Festival. Qualifié de “sacrilège et blasphématoire” par l’église catholique, Viridiana retrace le destin d’une jeune femme pure et croyante. Alors qu’elle s'apprête à entrer au couvent, elle est séduite par son oncle. Cherchant à aider son prochain afin de se repentir de ses péchés, elle s’engage sur un véritable chemin de croix.

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O Pagador de Promessas (La Parole donnée) de Anselmo Duarte (1962)

Leonardo Villar dans La Parole donnée de Anselmo Duarte

Leonardo Villar dans La Parole donnée de Anselmo Duarte © DR

 

Cette première Palme d’or brésilienne met en scène un paysan, Zé, implorant Sainte Barbara de sauver son âne malade. Il fait la promesse de porter une croix aussi lourde que celle du Christ si le miracle survient… À travers le cheminement de ce personnage naïf, Anselmo Duarte livre une critique de la société et des institutions.

Il Gattopardo (Le Guépard) de Luchino Visconti (1963)

Luchino Visconti adapte le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa à travers une fresque historique dépeignant le déclin de l’aristocratie dans l’Italie de la fin du 19e siècle. Le tournage du film dure sept mois, et Visconti dispose de moyens colossaux pour reconstituer, avec une précision d’orfèvre, le décor historique. Il offre ainsi un somptueux écrin à Claudia Cardinale, Alain Delon et Burt Lancaster.

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Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964)

Il faut écouter cette musique une oreille tendue vers le rêve et regarder le film un œil collé à la vitre de la réalité.” Jacques Demy.

Après Lola (1961) et La Baie des Anges (1963), Jacques Demy parvient enfin à réunir les financements nécessaires à son projet de film en couleur et “en chanté”. Catherine Deneuve y tient son premier grand rôle, celui d’une jeune femme vivant un terrible chagrin d’amour lorsque son amant part pour la guerre d’Algérie. Le réalisateur et son comparse Georges Delerue, auteur de la partition du film, réussissent à émouvoir le public avec une comédie musicale française. Le film réunit 1,3 million de spectateurs en France.

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The Knack …and How to Get It (Le Knack…et comment l’avoir) de Richard Lester (1965)

Le Knack… et comment l’avoir de Richard Lester

Le Knack… et comment l’avoir de Richard Lester © Metro-Goldwyn-Mayer Studios

 

Dans le Swinging London, la révolution sexuelle bat son plein. Trois amis partagent un appartement, et l’un d’eux a le “knack” : le “truc” pour séduire les filles. Jane Birkin, Charlotte Rampling et Jacqueline Bisset y font leurs premiers pas au cinéma, tandis que la bande originale est signée John Barry.

Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966)

Claude Lelouch réunit Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant dans une histoire d’amour mythique. Ils sont veufs et parents, ils se rencontrent sur la plage de Deauville. C’est le début d’une renaissance marquée par une passion qui s’ancre dans l’intimité, les souvenirs et les gestes du quotidien. L’alternance des séquences en noir & blanc et en couleur vient au départ d’une contrainte budgétaire, que Lelouch transforme en parti pris esthétique. Immense succès public, le film remporte 42 récompenses à travers le monde.

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Signore & Signori (Ces messieurs dames) de Pietro Germi (1966)

Signore & Signori de Pietro Germi

Signore & Signori de Pietro Germi © Carlotta films

 

L’année 1966 compte deux films ex-aequo récompensés par la Palme d’or. En recevant la récompense sur scène pour Signore & Signori, Pietro Germi défend son film férocement satirique en déclarant : “Excusez-moi de vous avoir fait rire !”.

L’intrigue se déroule à Trévise et se présente sous forme de fragments, selon l’héritage de la comédie italienne à sketches. Docteurs, banquiers, maroquiniers… sous couvert de farce, Pietro Germi sonde l’hypocrisie de tout un pan de la bourgeoisie.

Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1967)

Thomas (David Hemmings) est un photographe de mode anglais. Alors qu’il se promène dans un parc avec son appareil photo, il surprend l’étreinte d’un couple qu’il photographie de loin. Intrigué par la réaction de la femme (Vanessa Redgrave) qui cherche à récupérer la pellicule à tout prix, il s’aperçoit en agrandissant les clichés développés qu’il a été témoin d’un meurtre.

C'est précisément en photographiant et en agrandissant la surface des choses que j'ai essayé de découvrir ce qu'il y avait derrière. Je n'ai fait que cela au cours de ma carrière." Michelangelo Antonioni.

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If… de Lindsay Anderson (1969)

Malcolm McDowell dans If… de Lindsay Anderson

Malcolm McDowell dans If… de Lindsay Anderson © DR

 

Symbole d’une jeunesse révoltée, If… met en scène l'insurrection des élèves d’un pensionnat formant la future élite du pays. Objet de contestation, le film choque par ses scènes de violence et de nudité. Il révèle également Malcolm McDowell, sollicité deux ans plus tard par Stanley Kubrick pour jouer dans Orange Mécanique (1971).

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