Conférence de presse : « L’Echange »

A l’occasion de la présentation en Compétition de L’Echange, le réalisateur américain Clint Eastwood, le scénariste Joe Michael Straczynski, l’actrice Angelina Jolie ainsi que les producteurs Brian Grazer et Robert Lorenz ont répondu aux questions des journalistes. Extraits choisis.

Joe Michael Straczynski sur le travail d’écriture :
« J’étais reporter pendant de nombreuses années avant de devenir scénariste et j’ai entendu parler d’un dossier qui se trouvait à la mairie et qui traitait de cette personne qui s’appelait Christine Collins. J’ai été surpris par la souffrance qui lui a été infligée alors qu’elle souhaitait tout simplement savoir ce qui était arrivé à son fils. J’ai recopié ce qu’il y avait dans ce dossier, je n’ai rien inventé. J’ai transmis le texte aux personnes qui sont là devant vous et qui l’ont lu. »

Clint Eastwood sur le thème de la remise en cause des autorités judiciaires :
« Il semble que tous les vingt ou trente ans à Los Angeles les services de police connaissent une sorte de révolution intérieure, dans le sens où ils commettent des actes de corruption ou qui ne semblent pas légaux. Ici, dans ce film, la police ne prête pas attention à cette disparition et, au lieu d’envoyer quelqu’un enquêter, elle préfère ne pas suivre l’affaire. Quoi qu’il en soit, il semble qu’avec l’aide du révérend joué par John Malkovich et grâce à sa ténacité, Christine Collins parvient à avoir la réponse à ses questions. »

Angelina Jolie sur la préparation qu’a nécessitée son rôle :
« Le fait d’être mère permet de mieux comprendre ce personnage, mais il a fallu que j’aille puiser ailleurs, car je ne pouvais pas me contenter de réagir comme s’il s’agissait de moi. J’ai perdu ma mère quelques mois avant le tournage de ce film. Et ce personnage est un peu comme ma mère. Ma mère était assez passive, très douce, mais dès lors qu’il s’agissait de protéger ses enfants, elle devenait lionne. Donc je me suis inspirée d’elle. J’étais presque intimidée par la voie que je prenais. C’était un processus très humain qui m’a permis de faire le deuil de cette disparition. »

Clint Eastwood sur son attirance pour des histoires traitant de la relativité de la vérité :
« La vérité, c’est ce qu’il y a de plus important dans l’histoire. On essaie toujours de rechercher la vérité. C’est probablement la vertu la plus importante sur cette planète. C’est cela qui rend l’histoire intéressante. »

Clint Eastwood sur sa perception de la police depuis L’Inspecteur Harry :
« Ce film a été tourné il y a 37 ans. Cette histoire parlait d’un policier plein de ténacité qui voulait lutter contre la bureaucratie pour défendre une victime. Et à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de films qui présentaient le point de vue des victimes. Ce film a suscité beaucoup de réactions qui étaient très intéressantes. C’était un rôle imaginatif avec un pistolet pointé sur quelqu’un et à qui on demandait : « est-ce que tu crois que t’as de la chance ? » « 

Clint Eastwood sur la présentation de ses films en Compétition :
« Si vous allez à un festival où il y a une compétition, autant y participer. Que vous repartiez avec un prix ou non, ce n’est pas là la question. Ce qui est important, c’est de présenter un film, de voir les réactions qu’il suscite. A un certain moment, le film vous échappe. Par le passé, j’ai été Président du Jury à Cannes avec douze, treize autres personnes qui avaient toutes leurs idées sur les films qui nous ont été présentés cette année-là. La Palme d’Or avait alors été remise à un bon film, mais il ne s’agissait pas de mon premier choix. C’était le premier choix de l’ensemble du Jury (…) Montrer un film Hors Compétition, c’est peut-être accepter de ne pas prendre de risque. On vient mais on se croit un peu au-dessus de la Compétition. Moi, je ne me considère pas au-dessus de la Compétition. C’est très agréable d’être là avec vous et j’espère que le public appréciera le film. »

Angelina Jolie sur Clint Eastwood :
« Il est tout simplement remarquable. J’étais nerveuse la première journée de tournage, mais je trouve que c’est un excellent leader non seulement parce qu’en tant que réalisateur, il sait ce qu’il fait et qu’il est prêt à tout pour servir l’histoire, mais également parce qu’il respecte chaque personne sur le plateau de tournage. Je n’ai jamais vu un réalisateur avoir autant de respect pour les gens avec qui il travaille. C’est quelqu’un de très aimable qui se préoccupe de tout le monde. Tous les membres de l’équipe vous diraient la même chose. »