Conférence de presse : « Rendez-vous à Palerme »

Le réalisateur Wim Wenders, accompagné de ses acteurs Dennis Hopper, Giovanna Mezzogiorno et Campino ainsi que du producteur Gian Piero Ringel, a répondu aux questions de la presse internationale au sujet de son film Rendez-vous à Palerme. Morceaux choisis.

Wim Wenders sur la dédicace dans son film :
« Si vous faites un film sur un photographe, il n’existe qu’une seule référence et c’est Blow Up. Si vous faites un film où la Mort apparaît en tant que personne, il n’existe aussi qu’une référence et c’est Ingmar Bergman. J’étais en train d’écrire une histoire sur un photographe qui rencontre la Mort dans une toute petite ville italienne du nom de Gangi. Un matin, j’ouvre le journal qui m’apprend que Bergman est décédé. Et d’une étrange manière, on en parle beaucoup dans le café ; cela devient la discussion du jour. Le lendemain, j’y retourne et la police m’arrête au seul croisement de Gangi. Je baisse ma vitre et le policier m’apprend alors que Michelangelo Antonioni vient aussi de mourir. Je ne connais pas d’autres endroits au monde où j’ai vécu quelque chose de similaire… C’est pourquoi le film leur est dédié. »

Dennis Hopper sur son rôle et sur le style de Wim Wenders :
« C’est un honneur de travailler à nouveau avec Wim après 31 ans. Ses premiers films était tournés à l’arrière d’un camion en Allemagne : son style très rock’n roll, son idée de l’omniprésence de la mort, le fait de capter quelque chose qui s’évanouit pour toujours… J’ai particulièrement retrouvé cet aspect chez Wim dans son documentaire sur la mort de Nicolas Ray, Lightning Over Water. Dans sa façon de diriger, il est très intelligent, très gentil ; il vous donne assez d’espace mais s’occupe quand même de vous. Il y a un malentendu autour du terme « mort ». Wim l’évoque, avec la naissance, comme une célébration, soit le passage vers autre chose. Il est décrié à tort à ce sujet… »

Giovanna Mezzogiorno sur son personnage :
« Le premier jour où nous nous sommes rencontrés à Palerme, il m’a emmenée voir les fresques. Ce qui est intéressant avec Flavia, c’est qu’elle comprend Finn. Elle le croit parce qu’elle a vécu une expérience similaire avec la Mort. Elle est la personne providentielle pour aider Finn à ce moment précis dans sa vie. Elle le croit sincèrement ; elle sait qu’il ne ment pas, car elle sait reconnaître les gens qui ont vraiment peur. »

Campino sur le métier d’acteur :
« Bien sûr, un vidéo clip est complètement différent d’un film. Wim savait que je n’étais pas vraiment expérimenté. Si j’ai pu faire une carrière en tant que mauvais chanteur, je peux aussi devenir un mauvais acteur. Je vais laisser voir venir… »

Wim Wenders, sur la musique du film :
« La musique est très importante dans ma vie, mais dans ce cas-là, c’était différent. Le courage de faire ce film vient directement du rock’n roll. Le courage de faire un film sur ce sujet très personnel, qui touche en même temps plein de gens, et le faire d’un point de vue existentiel vient de mon écoute du rock’n roll. Imaginez quand vous vous trouvez dans un stade où 50 000 personnes chantent à l’unisson vos mots… J’ai décidé de faire ce film comme du rock. J’ai mis Lou Reed dedans, car je le considère comme l’un des plus grands poètes vivants. Le rock prend encore des risques, chose que le cinéma n’ose plus. »

Wim Wenders sur le cinéma d’aujourd’hui :
« Nous étions toujours en mixage lorsque le Festival a ouvert ses portes. Je n’ai pas eu la chance de voir beaucoup d’autres films. Je trouve que le cinéma se porte bien. De toute façon, le seul cinéma qui reste en vie est celui qui ne correspond pas à des formules. C’est mon espoir : que ce cinéma perdure, devient fort. C’est le seul qui croit encore à ce qui se passe sur l’écran, qui tient compte de ce qui se passe dans nos vies. C’est le cinéma pour lequel je me bats, c’est le cinéma que je défends et que j’aime. »