Marco Bellocchio entre en course pour la Palme d’Or avec « Vincere »
Entre Marco Bellocchio et le Festival de Cannes, c’est une grande histoire d’amour. Après avoir été membre du Jury en 2007 et après avoir vu neuf de ses longs métrages sélectionnés à Cannes, dont les plus récents Le Sourire de ma mère en 2002 et Le Metteur en scène de mariages en 2006, le cinéaste italien revient en Compétition pour y présenter Vincere, un long métrage qui met la lumière sur un aspect peu connu de la vie personnelle de Mussolini. En effet, avant que la Première Guerre mondiale n’éclate, le futur dictateur engagé dans les troupes italiennes menait une double vie : marié, il fréquentait une autre femme, Ida Dalser, avec qui il eut un enfant, Benito Albino, reconnu puis désavoué. Une fois la guerre terminée et Mussolini placé à la tête de l’Etat Italien, la jeune maman n’aura de cesse de revendiquer sa qualité d’épouse légitime et de mère du fils aîné du Duce, mais elle sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut.
Dans le rôle d’Ida, on retrouve Giovanna Mezzogiorno, actrice italienne que l’on a découverte en France avec Juste un baiser en 2001 et Au secours, j’ai trente ans en 2004. Détaillant ses intentions avec Vincere, Marco Bellocchio déclare : "Relever et dénoncer les infamies du régime fasciste ne m’intéressait pas. J’ai été profondément touché par cette femme et par son refus absolu de tout compromis. Au fond, elle aurait pu accepter de retourner dans l’ombre, peut-être même en aurait-elle été largement bénéficiaire, comme ce fut le cas de beaucoup d’autres maîtresses de Mussolini, et comme ce fut toujours le cas pour toutes les maîtresses des puissants de ce monde. Elle, non. Elle voulait revendiquer sa propre identité. Elle ne pouvait pas accepter la trahison de cet homme. Un homme qu’elle a, comme elle l’écrit dans ses lettres, aimé d’une manière absolue et à qui elle a tout donné, y compris son patrimoine."