Marco Bellochio et Giovanna Mezzogiorno en conférence de presse pour « Vincere »

Entretien avec les journalistes autour de "Vincere"
Entretien avec les journalistes autour de "Vincere"

A l’occasion de la présentation en Compétition de Vincere, le réalisateur Marco Bellocchio, les acteurs Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi, ainsi que le producteur Mario Gianani ont répondu aux questions des journalistes. Extraits choisis.

Marco Bellocchio sur ses motivations à faire ce film :
"La passion de cette femme est quelque chose d’assez original. On met toujours au premier plan de grands martyrs tels que Matteoti, Gracci, qui appartiennent au parti de l’opposition fasciste. Ida est une femme qui est tombée follement amoureuse de Mussolini, elle a même partagé ses idées. Au moment où il l’a mise de côté, elle a refusé d’être abandonnée et a commencé son combat. C’est une héroïne tragique. Il y a des livres qui traitent de cette histoire. Il y a même un documentaire. Et donc, j’ai voulu en tirer un film."

Giovanna Mezzogiorno sur l’approche de son personnage :
"La principale difficulté que j’ai rencontrée reposait dans le fait de ne pas transformer cette femme en "folle". J’ai souhaité mettre en exergue certains aspects très particuliers de sa personnalité. Tout d’abord les contradictions. C’est une femme qui peut être considérée comme moderne et féministe. Mais en même temps, elle a sacrifié son existence pour un homme. Voilà une première contradiction. C’est aussi une femme déterminée, lucide qui a un but très clair en tête. Mais elle n’est pas maligne, calculatrice, car une femme maligne ne se serait jamais livrée à un destin aussi tragique. Elle fait preuve de naïveté. Elle est aveugle en quelque sorte, elle ne voit que son but final. Tous ces aspects contradictoires réunis, j’ai cherché à créer un personnage, non pas de femme hystérique et folle, mais au contraire de femme hantée par une obsession, celle du refus de l’abandon. Je crois qu’il s’agissait aussi d’une femme d’une grande classe intérieure, d’une grande dignité. Ce n’était pas du tout une femme vulgaire. Et puis, j’étais profondément persuadée qu’Ida devait être interprétée de manière très physique, parce qu’il se dégage d’elle une certaine forme d’animalité. C’est une femme d’action. Je n’ai pas le souvenir d’avoir passé une seule journée facile sur le tournage de ce film. Chaque minute a été vraiment dure et complexe."

Marco Bellocchio sur la véracité des faits :
"L’histoire est vraie. Toutes les situations partent d’un événement réel. Evidemment, nous n’avions pas les documents détaillés avec nous. On a donc dû inventer certains aspects, mais toujours en partant de données réelles qui ont également été saisies à la dernière minute. Il y a une scène par exemple où Ida sort un pistolet et dit à son fils : "Il n’y a qu’une balle là-dedans, elle finira dans le cœur de ton père." Evidemment, dans le scénario, il n’y avait pas cette scène. Le dernier jour, une femme de Trento nous a raconté cette anecdote et nous l’avons tout de suite intégrée dans le film."

Filippo Timi sur l’approche de son personnage :
"Une des choses les plus dures a été de sortir de ce rôle. J’ai tenté de rendre humain ce personnage historique sans chercher à l’imiter. Ca a été un véritable défi d’interpréter Mussolini dans mon propre pays, c’était très important pour moi. J’avais saisi son regard. Il fallait aussi que je m’empare de cette force de contradiction dont savent faire preuve les grands dictateurs. C’était un travail un peu schyzophrénique de tourner des scènes d’amour avec Giovanna, et de changer ensuite complètement de registre. Il y avait une forme de dualisme dans l’interprétation. Je n’arrivais pas à me libérer de ce rôle après le tournage, car lorsque vous interprétez un rôle aussi fort, il est très difficile de s’en dégager."

CONSULTER LA FICHE FILM