Des Lip au Larzac, l’imagination (toujours) au pouvoir

Christian Rouaud © DR

Présenté en Séance Spéciale, le documentaire Tous au Larzac de Christian Rouaud raconte dix ans de lutte pour préserver le plateau du Larzac. Dix ans de joies et d’engueulades, de rebondissements et de découragements. Avec la victoire comme dénouement.

 

Un jour d’octobre 1971, le Ministre de la Défense français décide, sans concertation préalable, d’agrandir le camp militaire du Larzac, de 3 000 à 14 000 hectares. La réaction des paysans est immédiate et radicale : « Si on veut nous prendre nos fermes et nos terres, on partira les pieds devant et on ne sera pas les seuls ». Les paysans seront vite rejoints par des curés, des militants occitans et des révolutionnaires issus de mai 68. La lutte durera dix ans, jusqu’aux élections présidentielles de mai 1981. Avec en point d’orgue une marche à pied du Larzac à Paris, du 8 novembre au 2 décembre 1978, où 80 000 personnes attendent à l’arrivée.

 

Malgré les enjeux dramatiques, le documentariste Christian Rouaud a fait de ce conflit un film gai et léger. D’abord parce que la lutte est souvent réjouissante mais aussi parce que les personnages en font le récit avec beaucoup de truculence et d’humour. Parmi eux, un inconnu, le jeune José Bové, qui à l’époque n’aspire pas au leadership, mais est plus dans l’action concrète, voire physique.

 

Ce qui fascine Christian Rouaud, auteur en 2007 des Lip, l’imagination au pouvoir, c’est la façon dont les militants du Larzac ont su rester soudés. Le documentariste émet une hypothèse : le débat, et la volonté d’aboutir à une solution qui convienne à tous. Comme à Lip. « Où prend-on le temps du débat aujourd’hui ? » interroge Christian Rouaud, qui voudrait que cette histoire nourrisse le monde actuel. Pour lui, la réussite des luttes de cette période doit tout à « une incroyable liberté d’invention et de ton, une fierté, une insolence, une imagination sans bornes ».

 

B. de M.

 

Le film est projeté samedi 14 mai à 14h, salle du soixantième.