CANNES CLASSICS – Mark Cousins : « Quand on voit un enfant au cinéma c’est le cinéma qui s’en trouve changé »

Mark Cousins © DR

Cinquante-trois films issus de 25 pays retracés en 101 minutes. A Story of Children and Film parcourt le monde pour raconter la grande histoire des enfants dans le cinéma. Le documentaire de Mark Cousins révèle la poésie de ce genre, sa fraîcheur, ses ravages parfois. Entretien.

 

Photo de tournage © DR

 

Vous avez abordé dans vos précédents documentaires l’amour au cinéma, les premiers films ou des réalisateurs comme Abbas Kiarostami et Georges Méliès. Pourquoi avoir choisi les enfants cette fois-ci ?
Les enfants sont très vifs et passent très rapidement d’une émotion à l’autre. Quand on voit un enfant au cinéma, c’est le cinéma qui s’en trouve changé : ils sont tenaces, ils sont très vivants. Quand on pense aux enfants au cinéma, on imagine qu’ils manquent d’ambition artistique ou qu’ils comptent peu. C’est complètement faux.

Avez-vous appris comment un réalisateur doit travailler avec un enfant ?
Les meilleurs films avec des enfants sont comme codirigés par le réalisateur et l’enfant. On ne peut pas tellement manipuler un enfant. Dans les meilleurs films, ils sont une entité à part entière, ils ont leurs agents, ils font un peu ce qu’ils veulent avec les directives du réalisateur. Certains comme Bernardo Bertolucci ou Jean Renoir disaient que le réalisateur ne dirige pas. Il dirige avec l’imprévisible réalité. Avec les enfants, c’est la même idée.

Cinquante-trois films en provenance de vingt-cinq pays. Si vous deviez en retenir un seul, lequel choisiriez-vous ?
Certainement Willow and Wind de l’iranien Mohammad-Ali Talebi. Je pense que c’est le meilleur réalisateur de films avec enfants de par sa capacité à capturer énormément de choses, plus particulièrement la colère. Un peu comme le faisait Hitchcock en son temps.

Quand vous-même étiez enfant, est-ce qu’un film ou une expérience au cinéma vous a marqué ?
J’étais plutôt agité comme enfant. Quand je suis allé au cinéma, je me suis senti en sécurité, juste prêt à rêver et à visiter d’autres sphères. J’ai senti le cinéma m’ouvrir ses bras. Le premier film que j’ai vu était un Disney : Un nouvel amour de Coccinelle. Ce sentiment d’être plongé dans l’obscurité et d’avoir ce panorama face à moi : c’était le cinéma plus qu’un film en particulier qui m’a touché.

Propos recueillis par Tarik Khaldi

 

SÉANCE
Vendredi 17 mai / Salle du Soixantième / 17h00


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