COMPÉTITION – La Grande Bellezza, l’autre facette de la Dolce vita romaine

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Deux ans après avoir sillonné les États-Unis avec Sean Penn dans This Must Be The Place, Paolo Sorrentino revient dans son pays natal et dresse, dans une Rome sublimée, le portrait sans complaisance d’une bourgeoisie italienne rongée par l’ennui.

 

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Rome, ses jardins verdoyants, ses palais antiques et ses villas luxueuses : c’est dans ce cadre idyllique que prend corps l’intrigue de La Grande Bellezza, le cinquième long-métrage de Paolo Sorrentino. C’est aussi au cœur de la cité éternelle, fascinante et majestueuse dans l’œil de la caméra de Sorrentino, que se morfond une aristocratie italienne cynique et désabusée. Le cinéaste s’attache à souligner son désenchantement toujours plus profond, nourrit d’une lassitude dont il a fait le constat après avoir goûté à plusieurs reprises aux excentricités des soirées romaines pour préparer son film.

Sublimer Rome comme pour mieux souligner le mal-être des protagonistes de cette noblesse où se côtoient artistes ou intellectuels blasés d’un quotidien fait d’apparences, de bavardages et de bassesses : là est le propos de Paolo Sorrentino, qui affirme avoir joué de ce contraste. Cette Rome-là, protagoniste silencieuse d’une humanité insatisfaite et décadente, n’est pas sans rappeler celle de La Dolce Vita, chef-d’œuvre de Federico Fellini, lauréat de la Palme d’or en 1960. Paolo Sorrentino ne s’en cache d’ailleurs pas : le clin d’œil au schéma narratif du film du réalisateur de Roma (1972) et de Otto e Mezzo, présenté Hors Compétition en 1963, est explicite.

 

Pour symboliser cette bourgeoisie romaine à bout de souffle, Sorrentino a imaginé un récit au cœur duquel évolue le personnage de Jep Gambardella, journaliste accompli mais désireux de s’extirper de la monotonie de sa propre existence, qui se résume à jouir avec cynisme des mondanités qui lui sont offertes. Ce dernier, également narrateur du film, est interprété par Toni Servillo, qui signe ici sa quatrième collaboration avec le cinéaste napolitain après L’Uomo In Più (2001), Le Conseguenze Dell’Amore (2003) et Il Divo, Prix du Jury en 2008.

 

Benoit Pavan

 

SÉANCES
Mardi 21 mai / Grand Théâtre Lumière / 11h30 – 22h00.

Mercredi 22 mai / Salle du Soixantième / 14h00.

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