COMPETITION – Le fil intime de Valéria Bruni-Tedeschi

Equipe du film © AFP

Du chameau au château, l’actrice-réalisatrice continue de creuser la veine autobiographique, intimiste, familiale. Après Actrices, présenté au Certain Regard en 2007, elle concourt cette-fois pour la Palme d’or avec Un Château en Italie. Il y est question d’une famille qui se désagrège, d’un amour naissant, et d’un frère malade.

Federica, Marcelline, Louise. Les héroïnes de Valéria Bruni Tedeschi ne sont jamais très éloignées d’elle. Jeune femme trop riche dans Il est plus facile pour un chameau (2003), comédienne de 40 ans sans enfant dans Actrices (2007), amoureuse d’un homme beaucoup plus jeune dans Un Château en Italie (2013).

Trois films, trois portraits d’elle. Même si l’actrice-réalisatrice dit qu’il y a aussi beaucoup de ses co-scénaristes, Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy, le casting renforce l’auto-fiction : Valéria Bruni Tedeschi joue son propre rôle tandis que sa mère est jouée par…  sa mère (Marisa Borini) et son amoureux par Louis Garrel.

 

Dans Un Château en Italie, elle évoque son frère, Virginio Bruni Tedeschi, mort du sida. Dans une petite chambre d’hôpital, entre quatre murs, elle met en scène son mariage avec sa jeune fiancée (Céline Salette). Et dans une scène, qui lui a été suggérée par Filippo Timi, l’acteur qui joue son frère, elle fait danser mère et fils. Une scène qui « s’est révélée tout de suite extraordinaire », se souvient la réalisatrice.
 

Filippo Timi et Marisa Borini. Photo du film © DR

Valéria Bruni Tedeschi est issue d’une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne qui a émigré en France en 1973, quand elle avait 9 ans, par peur des enlèvements des Brigades rouges. La réalisatrice porte en elle ce déracinement, et dans ses films, il est beaucoup question d’empêchement, d’impossibilité à avancer. Mais la vitalité et l’optimisme finissent par l’emporter, grâce à l’humour, la fantaisie et une bonne dose d’auto-dérision.

Le cinéma de Valéria Bruni Tedeschi est toujours à fleur de peau, entre rires et larmes, toujours sur un fil. Un fil fragile et sensible, comme sa voix, douce et fêlée.

 

Béatrice de Mondenard

 

SÉANCE

Lundi 20 mai / Grand Théâtre Lumière / 16h

>> Accédez à l’agenda interactif