COMPETITION – Mahamat-Saleh Haroun dans la danse des marginaux
Grigris a perdu l’usage de sa jambe gauche. Mimi quant à elle est métisse. Deux personnages, deux complexes : Mahamat-Saleh Haroun place la marginalité de la société au cœur de son film en Compétition, trois ans après Un Homme qui crie, Prix du Jury en 2010.
Photo du film © DR
Quand Grigris danse, tous les regards s’arrêtent sur lui. On l’encourage, on l’applaudit. On oublie qu’il a une jambe paralysée. Cette jambe, d’habitude, handicape sa vie et attire les regards obliques. Un jour, l’oncle de Grigris tombe malade. Pour le sauver, le jeune homme commence à travailler pour des trafiquants d’essence, de plus en plus nombreux au Tchad.
« J’aime bien partir d’une matière documentaire pour aller vers l’imaginaire qui est le lieu de tous les questionnements ». Mahamat-Saleh Haroun avait à cœur de parler des courses-poursuites entre trafiquants et douaniers qui traversent N’Djamena. En 2011, il rencontre Souleymane Démé, danseur à la jambe gauche paralysée. Sa gestuelle inspire le réalisateur : Grigris sera le trait d’union entre deux mondes en marge. « La marge, c’est l’aventure, c’est le lieu du mouvement donc de la vie qui va vers le centre. Comme le mouvement des rivières qui vont vers la mer, pas l’inverse. » explique Mahamet-Saleh Haroun.
Un autre personnage croise la route de Grigris. « C’est pas toi qui danse dans les bars ? » Comme beaucoup de monde, Mimi a déjà vu le showman : la nuit est aussi le monde de cette jeune prostituée qui ne se sépare jamais de sa perruque afro. De par ses activités et ses origines, Mimi porte en elle deux tabous prégnants dans la société tchadienne, tabous que veut briser Mahamet-Saleh Haroun avec style et réalisme.
Tarik Khaldi
SÉANCES
Mercredi 22 mai / Grand Théâtre Lumière / 16h00
Jeudi 23 mai / Salle du Soixantième / 14h00