RENCONTRE – Jane Campion, Présidente du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation

Jane Campion © Patrick Swirc

Elle est la seule femme à apparaître au tableau des lauréats de la Palme d’or. En 1993, Jane Campion brille à Cannes avec La Leçon de piano, film au romantisme envoûtant. Sept ans plut tôt, elle voyait déjà Peel recevoir la Palme d’or du court métrage. Cette « enfant de Cannes » comme l’a qualifiée Gilles Jacob, a donc naturellement été choisie pour présider le Jury des courts métrages et de la Cinéfondation.

 

Jane Campion © Patrick Swirc / agence modds

 

Quelles qualités doit réunir un premier film pour être réussi ?

Un premier film est l’occasion de faire ce que personne n’a jamais fait et de prendre des risques. On peut faire des choses que les réalisateurs confirmés ne peuvent pas se permettre pour des raisons de box-office. On attend de la part d’un jeune réalisateur qu’il fasse renaître en nous la passion du cinéma. Certains font parfois preuve d’une grande discipline. C’est l’occasion de montrer qui ils sont.

 

Pensez-vous que le plus rapide chemin pour le long métrage, c’est le court ?

C’est en réalisant des courts métrages que j’ai pris goût aux longs. Je ne voulais pas vraiment en réaliser parce que je ne savais pas vraiment comment m’y prendre. Je n’avais pas d’expérience. Je ne concevais pas l’idée d’imaginer une histoire qui dure deux heures. Pour moi, c’était important d’avancer pas à pas.

J’étais très excitée quand j’ai eu l’opportunité de faire mon travail de huit ou neuf minutes. Le bonheur d’un court, c’est qu’il permet davantage de faire un film d’ambiance. C’est vraiment capital en Australie. Il faut savoir laisser de côté ses diplômes d’école de cinéma car tout le monde s’en fiche. Personne ne les demande jamais. Ce qui compte, c’est le script ou les courts déjà réalisés. 

 

Selon vous, jusqu’où peut aller le cinéma ?

Je ne sais pas si le cinéma a des limites. Chaque fois qu’on fait un film, on crée soi-même des limites mais elles peuvent sans cesse bouger. Mes limites, c’est de me dire « Fais un sacré bon boulot ! » C’est de la discipline. La créativité, c’est pour tout le monde.

 

Vous êtes la seule femme à avoir reçu une Palme d’or. Que pensez-vous de la place de la femme dans le cinéma ? Est-ce plus difficile de se faire une place dans ce milieu ?

Je n’ai pas envie de séparer hommes et femmes. Pour moi, ce n’est pas une affaire de sexe. La Compétition de cette année est critiquée parce qu’il n’y a qu’une seule femme. Je ne peux pas en dire quoi que ce soit, je n’ai pas vu les films proposés. En tout cas à Un Certain Regard, j’ai adoré le film de Sofia Coppola.

 

Entretien réalisé par Tarik Khaldi