COMPÉTITION – Timbuktu, le silence de la peur
Après Octobre en 1993, En attendant le bonheur en 2002 et Bamako en 2006, Abderrahmane Sissako présente Timbuktu en Sélection officielle. Avec ce quatrième long métrage, le réalisateur mauritanien choisit la fiction pour témoigner d’un sujet d’actualité tristement brûlant : le conflit du Nord Mali. La terreur exercée par les « hommes venus d’ailleurs » réduit les populations de l’Afrique saharienne au silence.
Tombée sous le joug des extrémistes religieux, la ville malienne de Tombouctou subit quotidiennement les crimes des djihadistes : « plus de la moitié du pays est occupée par des hommes venus d’ailleurs ». Les femmes, comme souvent, sont en première ligne. En narrant l’histoire de Kidane, de Fatima, de leur fille Toya et d’Issan, leur petit berger, Abderrahmane Sissako s’insurge contre ce climat de terreur établi dans cette région du Sahara « dans l’indifférence quasi-totale des médias et du monde ». Le réalisateur témoigne du « combat silencieux des hommes et des femmes non armés » au travers d’une histoire filmée, comme souvent, dans un Sahel cher à son cœur. Un outil de dénonciation de la réalité.
Photo du film Timbuktu © DR
Né en Mauritanie, Abderrahmane Sissako a vécu une grande partie de son enfance au Mali avant de rejoindre l’Europe, une histoire personnelle racontée dans un précédent récit En attendant le Bonheur. Avec son nouveau long métrage, il situe à nouveau l’intrigue de son œuvre dans le désert qui l’a vu grandir : le film a été tourné à Oualata à l’est de la Mauritanie, près de la frontière malienne et sous surveillance militaire.
Charlotte Pavard
SÉANCE(S)
Jeudi 15 mai / Grand Théâtre Lumière / 12h – 22h30
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