RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Fantasia de Wang Chao

Équipe du film © FDC / GLD

Wang Chao se retrouve pour la seconde fois en Sélection officielle avec Fantasia, miroir de la difficulté de vivre dans la Chine d’aujourd’hui. Le réalisateur chinois revient huit ans après son Prix Un Certain Regard pour Luxury Car (Voiture de luxe). Interview.  

 

Parlez-nous de la genèse de Fantasia.

J’ai commencé à écrire le scénario de Fantasia (dont le titre original était Père est malade) après le tournage de l’Orphelin d’Anyang en 2003. Dix années se sont écoulées, et pourtant, il n’y a eu aucune amélioration majeure des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière chinoise. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui encore, je veux raconter l’histoire de ces personnes. En outre, cette souffrance humaine universelle qui est celle de faire face à la mort, et cette capacité à surmonter psychologiquement une tragédie, sont des thèmes récurrents de mes précédents films. Cette continuité de thématiques constitue, qui plus est, la principale raison pour laquelle j’ai tourné ce film dix ans après. Avant, mais surtout pendant le tournage, j’ai apporté de nombreuses modifications et d’importantes améliorations au scénario, afin de créer une vraie rupture entre le surréalisme et la signification des facteurs psychologiques, et le réalisme d’un environnement austère.

 

Photo du film Fantasia © DR

 

Avez-vous des histoires ou des anecdotes à nous raconter à propos du tournage ?

Fantasia a été tourné à Chongqing. Chongqing est une mégalopole industrielle située au sud-ouest de la Chine qui est traversée par le fleuve Yang-Tsé. Autrefois siège de l’industrie de l’armement sous l’ère maoïste, cette ville a récemment été le centre de toutes les attentions en raison du scandale politique autour de Bo XiLai. Dans cette ville, la plupart des usines de l’ère maoïste ont fait faillite et seules quelques-unes ont réussi à survivre, tant bien que mal. Les conditions de vie des ouvriers au chômage constituent le problème principal de la ville. De plus, le rapide développement économique de la Chine a également provoqué une très forte disparité des revenus à Chongqing, mais aussi ailleurs. La scène clé de ce film illustrant mon propos montre les hautes tours résidentielles inoccupées le long du fleuve, contrastant avec les cheminées des usines sur le point de fermer, situées sur la rive opposée.

Par ailleurs, dans le film, il y a un long passage où on voit le fils qui suit son père dans la rue. J’ai réalisé cette scène comme un documentaire. C’était vraiment difficile de tourner ce passage dans cette ville si bruyante. Je me rappelle avoir été très énervé et désagréable pendant le tournage de cette séquence.

 

Pourriez-vous nous parler de votre prochain projet ? 

Actuellement, je travaille en post-production sur mon prochain projet : À la recherche de Rohmer. C’est la première fois que je réalise un film français. Il a été tourné dans quatre endroits différents : à Pékin, au Tibet, à Paris, et en Provence. Il s’agit d’une histoire sentimentale sur la vie et la mort entre un Français homosexuel et un Chinois hétérosexuel.

 

Quelles sont vos influences cinématographiques ?

Je suis influencé par le cinéma d’Art et d’Essai. Il y a de nombreux films que j’aime, mais ceux qui m’ont le plus marqué sont les quatre œuvres suivantes : The Silence de Ingmar Bergman, Journal d’un curé de campagne de Robert Bresson, Voyage en Italie de Roberto Rossellini, et L’avventura de Michelangelo Antonioni.

 

 

SÉANCES


Mercredi 21 mai / Salle Debussy / 11h30 – 17h

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