RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – The Disappearance of Eleanor Rigby de Ned Benson

Thierry Frémaux, Jessica Chastain et James McAvoy © FDC / KV

Jessica Chastain, James Mcavoy ou encore Isabelle Huppert. Rares sont les cinéastes qui, à l’instar de Ned Benson, ont pu bénéficier de l’expérience d’acteurs aussi confirmés pour tourner leur premier long métrage. Le réalisateur new-yorkais narre avec The Disappearance of Eleanor Rigby, l’histoire d’Eleanor et Connor, un couple d’amoureux qui voit sa romance mise à mal par un mauvais coup du destin. Le film concourt pour le Prix de la Caméra d’or.

 

Photo du film © DR

Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
Tout a commencé très simplement par une sortie à Central Park. Il y a quelques années de cela, je m’y baladais un soir d’été et les lucioles commençaient à faire leur apparition. J’ai trouvé ce moment très beau et très cinématographique. J’avais déjà l’intention d’écrire quelque chose au sujet de la complexité de l’amour et des relations, et c’est ainsi qu’est née la scène qui devint par la suite la première scène du script, basée sur cette expérience. À partir de là, tout s’est enchaîné. J’en ai ensuite fait part à ma coproductrice, Cassandra Kulukundis, ainsi qu’à Jessica Chastain. Notre collaboration a donné naissance à un projet en deux parties traitant de la perspective et de l’empathie. Nous avons mis au point ce qui deviendrait par la suite le story board, et assemblé, non sans mal, toutes les pièces les unes avec les autres, pour enfin avoir la chance de débuter le tournage. Ce troisième film résulte de ce processus et, plutôt que de se focaliser sur les différences de perspectives entre Elle et Lui, il les montre comme un Eux, en tant que couple et ce, de manière omnisciente.

Auriez-vous une anecdote de tournage à nous raconter ?
J’en ai tellement ! Ma collaboration avec l’équipe et les acteurs avait vraiment quelque chose d’unique, mais l’anecdote qui m’a le plus marqué s’est produite la nuit où nous avons tourné la scène clé du film, au Tompkins Square Park. Eleanor and Conor (Jessica Chastain et James McAvoy) courent dans le parc lors de l’une de leurs premières nuits ensemble et aperçoivent des lucioles, qui deviennent alors le symbole de leur relation. Il est rare de voir des lucioles au Tompkins Square Park, comme l’a d’ailleurs confirmé le garde-forestier qui supervisait le tournage. Nous nous sommes rendus dans le parc pour tourner la séquence et, pure coïncidence, il y avait des lucioles partout. Des milliers de lucioles. C’était magique. Nous avons eu la chance de programmer cette scène cette nuit-là, car cela n’aurait certainement pas été le cas la nuit précédente ni la suivante. Avoir pu vivre le moment qui a inspiré ce projet il y a des années à Central Park, puis pouvoir le revivre à Tompkins Square, alors que mon but même était de réussir à le recréer… C’était tout simplement incroyable, et ça l’est encore aujourd’hui.

Avez-vous d’autres projets à venir ?
Je travaille actuellement sur deux projets, mais je ne sais pas lequel verra le jour en premier. Le premier traite de la construction de l’identité et de la conception américaine du « destin manifeste » et de la réalisation des rêves. Il se déroule dans le monde de la musique à Los Angeles et parle des gens qui s’y rendent pour se réinventer. J’ai déjà rédigé un premier jet et j’ai une idée assez claire de ce projet en tête, mais je dois encore le peaufiner. Mon second projet est basé sur un livre à propos de la transformation morale d’un homme, et étudie le problème des classes sociales et le pouvoir de la rédemption via le travail.

Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Tous les genres cinématographiques m’inspirent. Il existe tellement de bons films et l’échantillon de films est si large à l’international. Je suis passé par tant de phases et j’ai connu tellement d’influences. Adolescent, j’ai vu La Double vie de Véronique, de Kieslowski puis la trilogie Trois Couleurs, et ces deux oeuvres m’ont beaucoup marqué. Je citerais également Robert Altman, avec The Player, que j’ai vu durant ma première année de lycée, et qui m’a incité à découvrir le reste de son travail. J’ai adoré Le Guépard de Visconti, que j’ai vu avec ma mère, qui est italienne : c’était un moment vraiment spécial. J’aime aussi de nombreux films qui ont été projetés ou ont remporté un prix à Cannes. Mais je suis aussi friand des bonnes comédies estivales. Difficile de répondre, il y en a tellement ! Pour moi, les films et réalisateurs les plus importants dépendent d’où j’en suis dans ma vie et de la manière dont ils agencent les éléments que je n’arrive pas à articuler. Ils m’aident à me reconnaître moi-même.

 

SÉANCES


Samedi 17 mai / Salle Debussy / 14h – 22h
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