RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Titli de Kanu Behl

Équipe du film © FDC / CD

Un film comme exorcisme. Titli, le personnage de ce premier film de Kanu Behl, tente d’échapper aux activités de sa famille de braqueurs. A 30 ans, le réalisateur s’est inspiré de sa propre histoire familiale et signe son premier long métrage, en lice pour la Caméra d’or. Une façon de tourner la page : en indien, titli signifie « papillon ».
 

Photo du film © DR

 

Racontez-nous la genèse de votre film.
Titli est un film très personnel. Avant lui, j’avais déjà écrit un scenario mais je n’ai pas trouvé de producteurs. J’ai réalisé qu’il manquait d’honnêteté, je voulais faire un film de ceux que les gens ont envie de voir.
J’ai alors décidé que, quoi que j’écrive à l’avenir, ce serait directement inspiré de mon expérience. Petit à petit, Titli est devenu un concentré de mes trente premières années et de ma relation compliquée avec mon père. J’avais fait le pari de m’en débarrasser. Puis j’ai réalisé qu’inconsciemment, je devenais de plus en plus comme lui. Physiquement parlant, j’avais réussi à m’en détacher, mais l’oppresseur que j’essayais de fuir était profondément enraciné en moi.
C’est devenu le cœur du film. Titli parle des fantômes qui rôdent au sein d’une famille, de la manière dont les images passent d’une personne à l’autre sans que personne ne s’en rende compte.
 

Auriez-vous une anecdote du tournage à nous raconter ?
Après quelques jours de travail, Shashank (Titli) et moi n’avions pas l’impression d’aller au fond du personnage. Shashank n’avait jamais été battu et a vécu dans un quartier bourgeois tranquille de Delhi. Pendant quelques jours, on a travaillé dans des conditions extrêmes pour le mettre sur la bonne voie. Il a notamment reçu des coups et il a eu un aperçu de l’oppression qu’on peut ressentir dans une telle maison. Shashank ne savait pas ce que c’était de vivre dans une constante promiscuité avec tant de monde. Nous lui avons donc demandé de passer du temps dans un taudis de Bombay et d’aller chier dehors, là où tout le monde pouvait le voir. Il est parti une semaine et est revenu complètement abattu. Il ne savait pas trop quoi dire, sinon qu’il était en colère et qu’il voulait frapper quelqu’un pour lui avoir fait subir ça. C’était ça la violence que je voulais apporter au film. Cet exercice a été indispensable pour lui comme pour moi pour trouver ce que devait être Titli dans le film.
 

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
Mon prochain film s’appellera Agra. Il parlera d’un jeune homme qui tombe amoureux d’une femme qui n’existe que dans son imagination. Il est diagnostiqué comme étant fou et atterrit dans un hôpital psychiatrique de la ville d’Agra.
 

Quel genre de cinéma vous a influencé ?
Mes premières expériences au cinéma, c’était des films de Bollywood et quelques grands classiques hollywoodiens. J’ai découvert le cinéma bien plus tard, en école. J’admire Stanley Kubrick pour la variété des genres qu’il a traités de manière très pure, Emir Kusturica pour sa folie et ses personnages, Abbas Kiarostami pour ses scénarios organiques, Audiard, Iñárittu, Steve Mc Queen…
 

SÉANCES


Mardi 20 mai / Salle Debussy / 11h
Mercredi 21 mai / Salle Bazin / 14h30
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