CANNES CLASSICS – Un « ange-démoniaque » nommé Gérard Depardieu

Équipe du film © FDC / M. Petit

Photographe et confident de Gérard Depardieu, Richard Melloul s’est entretenu avec l’acteur et ses compagnons de route pour réaliser Depardieu Grandeur Nature, un portrait à sa « démesure ». Il se confie sur les secrets du tournage.

 

Photo du film © DR

Qu’est-ce qui vous a mené vers ce documentaire ?
J’avais envie de réunir dans un livre le couple mythique Dewaere/Depardieu pour le 40e anniversaire des Valseuses, de Bertrand Blier (1974). J’ai proposé la démarche à Gérard Depardieu, qui m’a soumis l’idée d’en faire un film. Au bout de 2h30 d’entretien avec lui, je me suis rendu compte que j’avais assez de matière pour aller au-delà des Valseuses et réaliser quelque chose sur lui.

A-t-il été difficile de faire en sorte qu’il se confie ?
Les choses se sont passées très naturellement. Nous avons planté le décor et Gérard s’est exprimé. Il s’est même dévoilé, fragilisé et c’est cette facette de l’homme qui m’a intéressée. Nous avons débuté les entretiens fin 2013 et les avons étalés sur près d’un an et demi.

Que vouliez-vous montrer de lui ?
Je voulais dévoiler ses côtés très rarement abordés. Ceux qui ne sont pas spectaculaires. Pour quelqu’un qui tourne cinq films par an, il est d’une grande pudeur et d’une grande discrétion. C’est cette image de lui que j’ai eu envie de creuser.

De quelle manière s’est-il livré à vous ?
Gérard a abordé son enfance, ses premiers cours de théâtre, sa relation avec ses parents, son arrivée à Paris ou comment il a traversé Mai 68. Il a évoqué ce qu’il appelle ses « chers disparus » : les Truffaut, Pialat, Blier, ou encore Duras, qui l’ont entouré et nourrit intellectuellement.

Qu’est-ce qui vous étonne encore dans sa pratique du métier ?
Sa capacité à être toujours dans l’excès, y compris lorsqu’il joue. C’est ce qui le place au-dessus des autres. La démesure est son seul cadre. Dans le film, Jacques Weber dit de lui que c’est un ange-démoniaque. Il est peut-être vu comme un voyou ou un rebelle, mais souvenez-vous de ses premiers films : il y est presque angélique tellement son jeu est fin.

Propos recueillis par Benoit Pavan


SÉANCE


Mercredi 21 mai / Salle Buñuel / 19h30
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