COMPÉTITION – Hirokazu Kore-Eda ausculte les liens du sang

Hirokazu Kore-Eda © AFP / AC. Poujoulat

Le cinéaste japonais poursuit son exploration subtile des rouages de la cellule familiale avec le portrait de trois femmes découvrant l’existence de leur demi-sœur. Umimachi Diary (Notre Petite Soeur) succède à Tel Père, Tel Fils, réflexion sensible sur la paternité récompensée du Prix du Jury en 2013.

 

Photo du Film © DR

Source d’inspiration majeure du cinéma d’auteur japonais depuis près de deux décennies, la famille constitue également une piste de réflexion privilégiée par Hirokazu Kore-Eda. À l’instar de Naomi Kawase, autre fleuron du cinéma de l’Archipel salué à l’international, le réalisateur pose un regard toujours très poétique et clairvoyant sur les enjeux du modèle familial de son pays.

Hirokazu Kore-Eda n’a eu de cesse, depuis son premier souffle de cinéma, d’examiner ses mécanismes et de disséquer, dans un style faisant parfois écho au documentaire, les bouleversements qui contribuent à fissurer aujourd’hui ses fondations. Ses films, à la narration très structurée et d’une grande délicatesse, interrogent les rapports entre les générations et les liens du sang, qui sont au cœur de ce onzième long métrage.

 

Umimachi Diary narre l’histoire de Sachi, Yoshino et Chika, trois sœurs qui découvrent lors des funérailles de leur père l’existence de Suzu, une demi-sœur de 13 ans qu’elles décident d’accueillir sous leur toit. Le cinéaste considère que la beauté de l’être humain atteint son apogée lorsque les liens naturels qui régissent la famille apparaissent fragilisés ou brisés. Hirokazu Kore-Eda explique ainsi être « moins admiratif d’une vie sans accroc que d’une vie à retrouver un sens à des existences cassées ».

Désigné par la critique comme l’héritier naturel de Yasujirō Ozu, Kore-Eda partage avec le maître un sens inné du temps et de l’espace. Comme pour Air Doll (2009), magnifique fable sur la solitude urbaine dans laquelle une poupée gonflable prenait vie, le réalisateur a puisé l’essence de son récit dans celui d’un manga à succès : Kamakura Diary, d’Akimi Yoshida.

 

Benoit Pavan

 

SÉANCE


Jeudi 14 mai / Grand Théâtre Lumière / 16h00
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