COMPÉTITION – Nanni Moretti à cœur ouvert

Équipe du film © GettyImages / D. E. Martindale

Maître incontesté de l’autofiction, le cinéaste italien se met à nu dans Mia Madre, long métrage intimiste, nourri des récentes épreuves de sa vie professionnelle et familiale.

 

Photo du film © DR

On avait quitté Nanni Moretti dans la peau d’un psychanalyste sous pression, faisant face à un Pape fuyant le poids de son élection à la tête du Vatican. Trois ans après Habemus Papam, revoici l’éternelle figure de proue du cinéma italien actuel avec un drame pudique dont l’ossature s’appuie sur ses questionnements intérieurs. Le cinéaste incarne à l’écran Giovanni, frère et confident de Margherita – interprétée par la fidèle Margherita Buy – : une réalisatrice de renom en pleine crise personnelle et créative, éreintée par un tournage calamiteux et ses visites au chevet d’une mère mourante.

Si les frontières entre les interrogations existentielles du cinéaste et celles de ses personnages principaux sont toujours minces chez Nanni Moretti, elles s’estompent encore davantage dans Mia Madre. Comme pour La Chambre du Fils – Palme d’or en 2001 -, le réalisateur a renvoyé au second plan les préoccupations sociales ou politiques chevillées à sa filmographie pour se focaliser sur les états d’âme de ses personnages et, à travers eux, se confier à cœur ouvert.

Marqué par le décès de sa mère, Nanni Moretti explique qu’au moment de l’écriture de ce douzième long métrage, ses sentiments étaient « trop forts pour se laisser envahir par l’actualité ». Mia Madre rappelle également combien le réalisateur, qui s’est interrogé sur sa stature de metteur en scène, se sent « en décalage » avec l’image que le public se fait de lui.

L’humour, toujours grinçant chez Moretti, s’immisce dans le long métrage par l’intermédiaire de l’impeccable John Turturro, qui campe un acteur comique trublion parfois incapable de réciter ses répliques face à la caméra. Reste qu’à force de mettre en scène de manière aussi frontale ses angoisses, en se dédoublant notamment derrière et devant la caméra, Nanni Moretti est devenu l’un des meilleurs cinéastes de l’introspection.

Benoit Pavan

SÉANCES


Samedi 16 mai / Grand Théâtre Lumière / 8h30 – 14h30 – 18h00

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