UN CERTAIN REGARD – Masaan, rendez-vous avec Neeraj Ghaywan

Neeraj Ghaywan © FDC / C. Duchene

Dans la veine de Vikramaditya Motwane, Neeraj Ghaywan fait partie de cette génération de cinéastes qui porte haut un cinéma indien indépendant, à mille lieues de celui de Bollywood. Masaan, son premier film, raconte l’impossible histoire d’amour entre Deepak et Devi dans la sainte cité de Bénarès.

Photo du film © DR

Comment vous est venue l’idée de ce film ?
En 2010, un ami m’a parlé des ghats de crémation de Bénarès où les morts sont incinérés dans la tradition hindouiste. L’idée d’un court métrage a immédiatement émergé : un orphelin des ghats de Bénarès qui passe sa vie à incinérer les corps. Sa vie banale prend un tournant le jour où il aperçoit la fille du prêtre du ghat et en tombe amoureux. Un jour, son maître lui apporte trois corps dont l’un est celui de la jeune fille.

Quelle était l’ambiance pendant le tournage ?
Depuis que j’ai assisté Anurag Kashyap et que j’ai commencé à apprécié le travail de Vikramaditya Motwane (ils sont aussi mes producteurs), j’ai beaucoup appris sur le métier et sur la technique. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est la nécessité de se lancer avec une bonne équipe. Sur ce film, presque tout le monde débutait. Je voulais travailler avec des personnes passionnées par l’histoire. Dès le début du film, j’ai exclu toute structure hiérarchique.

Pouvez-vous parler de vos acteurs ?
Richa Chadda (Devi) est une actrice extrêmement intelligente. Elle est très drôle mais quand on dit “action”, elle se plonge totalement dans son personnage. Grâce à son intelligence émotionnelle, Richa a saisi la complexité du personnage de Devi.

Vicky Kaushal (Deepak) et moi sommes très bons amis et ça nous a aidés à trouver la nature profonde du personnage de Deepak. A Bénarès, Vicky a passé beaucoup de temps avec les locaux, il est devenu un des leurs. Il passait des jours et des jours dans le ghat à observer le travail des gens, leur manière de parler…

A quoi ressemble le cinéma en Inde ?
Notre industrie est largement dominée par les films bollywoodiens. Ils génèrent d’importants revenus qui, en retour, permettent de financer des films indépendants. Je pense que ces genres doivent coexister. Ces dernières années, on a pu observer un changement dans les goûts du public.

Quels cinéastes vous inspirent ?
J’ai grandi avec les magnifiques films de Satyajit Ray, Guru Dutt et Shyam Benegal. Je ne pouvais pas les apprécier à leur juste valeur mais ils m’ont beaucoup influencé à mes débuts. J’admire Shekhar Kapur, Anurag Kashyap, Vikramaditya Motwane, Vishal Bharadwaj et Dibakar Banerjee. Plus à l’Ouest, Bergman, Fellini, Haneke, Iñarritu et les frères Dardenne m’inspirent également.

Quel est votre prochain projet ?
Je songe actuellement à l’idée de l’abus de liberté d’expression dans le monde moderne et à la quête d’identité.

SÉANCES


Mardi 19 mai / Salle Debussy / 16h30

Vendredi 22 mai / Salle Debussy / 11h
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