William Friedkin : « J’aime qu’un film respire »

William Friedkin - Leçon de Cinéma © Anne-Christine Poujoulat / AFP

French Connection, L’Exorciste, Sorcerer et plus récemment, Killer Joe… c’est une salle comble qui a accueilli mercredi après-midi le cinéaste américain William Friedkin, invité à évoquer son oeuvre au travers d’une leçon de cinéma. Maniant l’humour face au critique français Michel Ciment, le réalisateur a abordé les grandes lignes de sa filmographie et chacune des étapes de la réalisation d’un film, sans oublier de distiller aux spectateurs quelques petits secrets de fabrication.

« J’ai décidé de devenir réalisateur à 21 ans après avoir vu Citizen Kane. Je n’ai pas fait d’école de cinéma. Mon école à moi, c’était la Nouvelle Vague et Alfred Hitchcock. », a d’abord confié William Friedkin, après avoir rappelé que c’est par un documentaire sur un homme promis à la chaise électrique, The People vs. Paul Crump, qu’il a débuté sa carrière, en 1965 : « Je voulais lui sauver la vie ».

Le cinéaste est également revenu sur son expérience fondatrice aux côtés d’Harold Pinter, qu’il a côtoyé pendant un an et dont il reconnaît la « grande influence ». Le dramaturge lui a en effet appris à façonner des histoires, avec le credo que « seules les bonnes idées marchent ».

À l'évocation de sa direction d'acteurs, William Friedkin a confessé aimer s’assurer qu'ils comprennent comme lui le récit des films pour lesquels il fait appel à eux, précisant que sur les tournages, il aime privilégier les premières prises, « plus spontanées et plausibles ». Ce fut le cas dans L’Exorciste et French Connection, pour lesquels il a « souvent dit aux acteurs d’oublier les dialogues et de jouer leur personnage ».

« Je n’aime pas diriger les acteurs, ni qu’ils me copient : j’essaye de les bousculer et d’utiliser ensuite leur colère. »

Contredisant la rumeur, le cinéaste a également révélé que l’idée de French Connection ne lui avait pas été soufflée par Howard Hawks, mais par le visionnage de Z, de Costa Gavras. « C'est le seul film que j’ai tourné dont le scénario ne m’a pas plu », dit-il. William Friedkin affirme qu'il « aime qu’un film respire, comme le bon vin », et puise son inspiration sur le moment présent.

Au sujet de la musique de L’Exorciste, le cinéaste a expliqué avoir souhaité que le thème principal du film « ressemble à une main froide posée sur la nuque ».