A Prayer Before Dawn, survivre à l’enfer carcéral

Photo du film A Prayer Before Dawn (Une prière avant l'aube) © DR

Adapté du récit autobiographique de l’ex-malfrat anglais Billy Moore, A Prayer Before Dawn (Une prière avant l’aube) dresse le portrait d’un homme en résilience dans une célèbre prison de Thaïlande. Son auteur, le cinéaste Jean-Stéphane Sauvaire (Johnny Mad Dog, 2008), revient sur ce film immersif, baignant dans l’univers de la boxe.

Quel est le point de départ de votre film ?

Rita Dagher, ma productrice, m'a un jour présenté un scénario proposé par des producteurs anglais qui cherchaient une coproduction française pour un film sur l'addiction, la prison et la boxe. Le sujet s'articulait autour d'un personnage fort et d'une histoire vraie se déroulant en Thaïlande. Elle m'a fait suivre le script, qui était en fait une première adaptation du livre de Billy Moore. L'histoire comportait quelque chose de très intense. J'ai demandé à lire cette autobiographie et j'ai découvert le récit très authentique, à la première personne, d’un homme retraçant son parcours, jusqu’à sa libération de prison.

Qu'est-ce qui vous a séduit dans son histoire ?

Son addiction à la drogue, sa résilience… tout ce qu'il racontait était incroyable. Mon approche cinématographique étant très réaliste, je trouvais que l’opportunité était belle de raconter cette histoire en mêlant récit traditionnel et documentaire. Formellement, il y avait une matière intéressante à travailler. Cela a constitué un vrai challenge pour moi car beaucoup de films ont déjà été réalisés à ce sujet.

Comment avez-vous fait pour vous différencier ?

J’ai opté pour un casting qui soit constitué d'ex-boxeurs qui ont fait de la prison, pour trouver une matière réaliste, qui apporte au film sa propre identité et l'écarte des clichés. Pour point de repère, j'avais donc à la fois Billy Moore, auquel je me référais souvent, mais aussi ces prisonniers et ces boxeurs, qui amenaient leur propre expérience, jusque dans les gestes. Leurs corps ne mentaient pas. Pour un comédien, ces détails auraient été trop longs à acquérir.

« Je voulais que le film soit viscéral, à la première personne »

Votre film a-t-il permis à certains d’entre-eux d’exorciser leurs démons ?

Je l’espère. Certains sortaient tout juste de prison et ont débarqué sur le plateau avec un vrai traumatisme. D’autres ont joué dans la prison même où ils ont purgé leur peine… Je pense que le film a agi comme une thérapie pour une partie du casting. À la fin du tournage, on a senti qu'ils avaient réussi à exprimer une expérience personnelle intense.

Visuellement, vous proposez au spectateur une véritable immersion…

Je voulais que le film soit viscéral, à la première personne. J'ai filmé la boxe en plan-séquence, pour m'écarter des codes de films de boxe hollywoodiens, où le récit des combats se base sur le montage. Le comédiens se retrouvaient donc à boxer dix minutes sans s'arrêter et ne pouvaient pas tricher. L'idée, c'était d'immerger les acteurs afin d’immerger le spectateur. Tout le film a été tourné avec une caméra proche pour trouver le ton le plus réaliste possible pour chaque scène. J'avais envie que le film donne l'impression d'un immense plan-séquence d'immersion, pour qu'on soit absorbé par le rythme du réel, qui n'est pas forcément celui du cinéma.

Quel rôle a joué Billy Moore dans le film ?

Il a constitué une pièce maîtresse dans l'écriture du scénario. Billy a aussi beaucoup conseillé Joe Cole, l’acteur principal. Joe l'appelait même pendant le tournage, pour recueillir ses impressions sur les drogues, sur ce que c'était d'être en manque. Ils évoquaient les questionnements psychologiques et intérieurs du personnage.