Babatu, les trois conseils, le cinéma vérité de Jean Rouch
En 1976, l’ethnologue et réalisateur français Jean Rouch qui a fait de l’Afrique de l’Ouest son terrain de prédilection, est convié à Cannes pour présenter en Compétition Babatu, les trois conseils, un film historique sur les conquêtes du chef Zarma Babatu dans le Gurunsi. Cannes Classics propose de revoir en copie restaurée le chef d’œuvre du cinéaste, qui influença la Nouvelle Vague.
Père de l’ethnofiction, Jean Rouch se tourne très tôt vers le cinéma pour dévoiler au public européen les traditions et cultures africaines, dont il fait le thème principal de sa filmographie. Ainsi, il se fait remarquer en France pour Moi, un noir, un film sur les péripéties de trois Nigériens émigrés en Côte d’Ivoire, et qui lui vaut le Prix Louis Delluc en 1958. Caméra à l’épaule, le réalisateur mêle documentaire et fiction et invente alors une pratique dite du « cinéma direct », pour laquelle il est particulièrement reconnu.
Cet amour pour l’Afrique, il le porte jusqu’à Cannes en 1976 pour présenter en Compétition Babatu, les trois conseils. Le long métrage historique retrace l’épopée belliqueuse du chef Zarma Babatu, parti à la conquête du pays Gurunsi et qui a prospéré grâce au commerce d’esclave. Damouré, Lam, Tallou et autres « guest stars » font revivre les aventures de ces combattants du 19e siècle.
Parallèlement à la projection de Babatu, les trois conseils à Cannes Classics, l’Institut Français présente sur le Pavillon des Cinémas du monde, le « Focus Jean Rouch ». Ce rendez-vous propose un panorama de la carrière du réalisateur en une quarantaine de films, documentaires et fictions, courts et longs métrages, films inédits ou emblématiques. Deux occasions de redécouvrir l’œuvre du cinéaste qui aurait fêté son centième anniversaire cette année.