Lu Guo Wei Lai (Passage par le futur), rendez-vous avec Li Ruijun

Photo du film Lu guo wei lai (Passage par le futur) © DR

Film après film, Li Ruijiun chronique la Chine rurale, tiraillée entre progrès et tradition et terrain de conflits générationnels. Ce jeune talent du cinéma indépendant chinois est sélectionné pour la première fois à Cannes au Certain Regard après avoir sillonné les festivals du monde entier. Son cinquième long métrage, Lu Guo Wei Lai (Passage par le futur), raconte l'histoire de la jeune Yaotin, fille d'immigrés prête à s'essayer à des expérimentations médicales risquées pour offrir un meilleur confort à ses parents.

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’histoire du film?

Ce sont les problèmes sociaux que connait la Chine depuis quelques années tels que le ralentissement économique ou la montée des prix de l’immobilier. Le film est aussi dans la continuité de mes précédents. The Old Donkey traite de la pauvreté des personnes âgées dans un petit village du Ganzu, déserté par tous les enfants partis travailler en ville. Fly with the Crane parle des personnes âgées abandonnées dans le village et de leurs difficultés. River Road raconte l’histoire de deux jeunes frères partis à la ville à la recherche de leurs parents suite au décès de leur grand-père. Dans mes premiers films, grands-parents et petits-enfants sont ceux qu’on abandonne et les parents sont les grands absents. Dans Passage par le futur, les parents deviennent l’objet du film. Nous les voyons vivre avec leurs enfants, avec leurs dilemmes moraux.

Comment travaillez-vous ? Quelle est l’ambiance sur le tournage ?

Je consacre, en général, un an au moins à l’écriture du scénario, puis je passe au casting et au tournage. Je visualise le tournage et le montage en même temps que j’écris, de sorte qu’on ne perde ni temps ni argent au moment du tournage. J’aime aussi m’amuser avec l’équipe et être sûr qu’elle travaille dans une ambiance détendue.

Comment était-ce de travailler avec des comédiens comme Yang Zishan?

Tous ont été remarquables. Ce sont des comédiens talentueux, avec beaucoup d’expérience. Yang Zishan, par exemple, s’est préparée pour le rôle en suivant un régime, elle a perdu 10 kg au cours du tournage pour vraiment devenir son personnage.

Qu’avez-vous appris en faisant ce film ?

Mon épouse a donné naissance à notre enfant pendant le tournage. Le bébé pleurait tout le temps, mais j’étais incapable de communiquer avec lui verbalement. Je devais être patient afin de le réconforter. J’ai appris que la patience est le meilleur moyen de résoudre tous les problèmes. C’est ce que mon enfant m’a appris.
Dans mes précédents films, j’ai travaillé avec des acteurs non-professionnels. Pas cette fois. J’ai appris à découvrir les différentes facettes des acteurs, à explorer leurs infinies capacités. Tout est une question de lien entre le réalisateur et ses comédiens. Quand vous vous faites confiance, c’est la porte ouverte à tous les possibles.

Quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Pendant la pré-production, j’ai beaucoup observé les gens dans la rue. Leurs expressions faciales, leurs attitudes, leurs comportements, et je les ai retranscrits dans mes personnages de sorte qu’ils soient plus authentiques.

Quel est votre avis sur l’état de l’industrie cinématographique en Chine ?

J’aimerais voir plus de diversité dans le cinéma chinois, que les salles de cinéma programment davantage de films art et essai, pour que les films d’auteurs puissent être vus par un plus large public.