Asako I&II, l’amour au double visage de Ryusuke Hamaguchi

Photo du film Netemo Sametemo (Asako I & II) © DR

Après Senses, film de 5h17 découpé en mini série pour sa diffusion au cinéma, Ryusuke Hamaguchi renoue avec un format cinématographique plus classique pour adapter un roman de Tomoka Shibasaki. Présenté en Compétition, Netemo Sametemo (Asako I&II) relate l’histoire d’une jeune femme en prise avec un amour au double visage.

Remarqué grâce à Passion, son film de fin d’études réalisé en 2008, Ryusuke Hamaguchi s’est depuis attaché à alterner fictions et documentaires en s’éloignant des durées classiques proposées au cinéma. En 2015, c'est fidèle à ce précepte que le cinéaste réalisait Senses, film fleuve doublement récompensé à Locarno. Pour les besoin du cinéma, ce portrait sensible de quatre amies en crise, actuellement en salle, a été découpé en plusieurs épisodes.

Poussé par ses producteurs, Ryusuke Hamaguchi a cette fois fait le choix d’un format de fiction à la durée plus traditionnelle. Pour la respecter, le cinéaste a pris soin de suivre scrupuleusement le scénario d’Asako I&II et abandonné l’idée de faire évoluer l’écriture du film au fur et à mesure du tournage, comme ce fut le cas pour Senses. Le film narre l’histoire d’Asako, une jeune femme qui, deux ans après avoir été terrassée par la disparition de son premier grand amour, Baku, rencontre son double parfait et se laisse séduire. Mais elle découvre peu à peu que l’homme qu’elle aime désormais ne ressemble en rien à celui qu’elle a aimé passionnément.

Ryusuke Hamaguchi dit avoir été marqué par la fine description du quotidien proposée dans « Netemo Sametemo », le roman de Tomoka Shibasaki paru en 2010 dont le récit et les personnages sont adaptés. « Ce que j’ai trouvé passionnant dans cette histoire, c’est l’absurdité qui consiste à tomber amoureux de deux hommes qui ont le même visage », explique le réalisateur.

Pour accentuer le côté inquiétant de l’intrigue, le cinéaste japonais a beaucoup travaillé la lumière du film, et en particulier les zones d’ombre plongeant les décors dans l’obscurité. Le film ramène par deux fois la jeune Asako à Sendai, une ville sinistrée au Nord-Est de Fukushima et de la région de Tohoku. C’est là que Ryusuke Hamaguchi a coréalisé, entre 2011 et 2013, plusieurs documentaires sur les victimes du dernier tremblement de terre au Japon.