Il était une fois « 2001 »

Photo du film 2001 : A Space Odyssey (L'Odysée de l'espace) © DR

En 1968, Stanley Kubrick dévoilait sa vision résolument pessimiste de l'humanité dans un long métrage de science-fiction visionnaire et d'une ambition démesurée. Cinquante ans après sa sortie, 2001, l’Odyssée de l'espace continue de fasciner les cinéphiles par ses contours abstraits et sa minutie technique. Retour sur la genèse de ce film culte qui a bouleversé à jamais le visage du cinéma de science-fiction.

Après le succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans le développement d'un projet de film hautement ambitieux qu'il fantasme et prépare secrètement en dévorant des films de science-fiction et des essais scientifiques liés à l'exploration spatiale. Nous sommes dans les tous premiers jours de l'année 1964, et le cinéaste contacte pour l'épauler Arthur C. Clarke, un romancier britannique spécialiste du genre dont il apprécie les théories. Pendant près de deux ans, les deux hommes échangent avec l'objectif de bâtir l'intrigue du long métrage. Les débats sont parfois infinis et de haute volée. Très vite, le duo décide de cosigner un livre dont 2001 sera l'adaptation. Au cœur du récit, l'idée que la terre n'est peut-être pas « le seul asile de la vie ».

Pour donner du corps à son script et l'irriguer des dernières avancées scientifiques, Kubrick multiple également les consultations d'experts reconnus, certains officiant à la NASA. Perfectionniste, le cinéaste s'est fixé des objectifs esthétiques et philosophiques très élevés. Il souhaite notamment que chaque détail scientifique soit légitime. En parallèle, il a enrôlé plusieurs dizaines de techniciens pour réaliser les maquettes et les décors de 2001. Ils seront d'un réalisme époustouflant. Tandis que le cinéaste se dévoue désormais totalement au film, Arthur C. Clarke continue d'affiner son scénario. Au total, le script ne comporte qu’une quarantaine de minutes de dialogues. Sur les 2h44 du long métrage.

Le tournage de 2001 débute le 29 décembre 1965. Durant deux années, Kubrick, en démiurge tyrannique fidèle à sa réputation, épuise le budget initial du film – dépassé de 4,5 millions de dollars – et ses équipes, qu’il sollicite en continu. Le studio MGM, qui espère sortir 2001 pour la fin de l'année 1966, doit y renoncer pour permettre la réalisation de quelque 2.000 effets spéciaux novateurs qui font encore référence dans l'histoire du 7e Art. Le montage du long métrage débute au début de l'année 1968.

Le film est projeté pour la première fois quelques semaines plus tard, le 2 avril, en 70 mm et dans un format panoramique. Mais la séance est désastreuse. Certains spectateurs quittent la salle. La critique pointe quant à elle du doigt la prétention de l’œuvre et sa longueur. Dans la foulée de cette avant-première ratée, le cinéaste décide de raccourcir certaines séquences du film. Des scènes coupées qui alimentent aujourd'hui encore la légende du film et les plus folles rumeurs. Dans les salles, 2001 récolte malgré tout, au fil des mois, le succès escompté. Cinquante ans plus tard, il continue d'envoûter les cinéphiles du monde entier.