Jia Zhang-ke donne le pouvoir à une femme de voyou
Jia Zhang-ke fait battre le cœur du cinéma chinois depuis plus de vingt ans. Prix du Scénario pour A Touch of Sin en 2013, il se hisse en Compétition pour la cinquième fois avec Jiang Hu Er Nv (Les Éternels), un film de bandits dont l’héroïne est incarnée par son actrice fétiche : Zhao Tao.
Une histoire d’amour gangster sur deux décennies. Qiao est amoureuse d’un chef de gang, Bin. Quand une bande rivale attaque son amant, elle n’hésite pas à ouvrir le feu, ce qui va la conduire en prison. À sa sortie, restée fidèle aux valeurs de la pègre, elle part à la recherche de son amant.
L’histoire de Qiao, c’est celle d’une femme dans un milieu d’hommes. Un personnage complexe qui a émergé dans l’esprit de Jia Zhang-ke alors qu’il repensait aux scènes coupées de deux de ses précédents films avec Zhao Tao. Dans Plaisir inconnus, en Compétition en 2002, l’actrice fétiche du réalisateur incarnait une femme enjouée, entière et amoureuse. A l’opposé, dans Still Life (2006), elle montrait une personnalité refoulée, triste.
Jia Zhang-ke fait naître Qiao de l’amalgame de ces deux rôles. Le réalisateur la plonge au cœur de cette pègre typiquement chinoise que l’on appelle jianghu. Ces guerres de clans inspirent les cinéastes depuis des décennies, à l’instar de Johnie To, auteur de Vengeance et Blind Detective. L’atmosphère ténébreuse et les combats armés qui caractérisent ce genre s'inscrivent dans la veine de l’univers du réalisateur de A Touch of Sin.
À 48 ans, c’est aussi l’occasion pour Jia Zhang-ke de se dévoiler. Sa jeunesse perdue, son excitation face à l’avenir : « J’ai voulu utiliser mon expérience pour raconter une histoire d’amour dans la Chine contemporaine qui a subi des transformations extraordinaires et dramatiques. Ça me fait penser que c’est ainsi que j’ai vécu, et que je continue à vivre ainsi. »