Laskovoe Bezrazlichie Mira, le regard d’Adilkhan Yerzhanov

Photo du film Laskovoe Bezrazlichie Mira (La tendre indifférence du monde) © DR

À 35 ans, Adilkhan Yerzhanov est déjà connu dans les festivals de cinéma d’Europe et d’Asie. Cannes l’accueille pour la première fois en 2014 avec The Owners, en Séance Spéciale, avant de présenter cette année à Un Certain Regard Laskovoe Bezrazlichie Mira (La Tendre indifférence du monde).

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour ce film ?

L’amour et le manque d’argent. De l’assemblage de ces deux éléments naît la poésie. C’est une mise en scène du conflit entre le monde matériel et le monde spirituel. Il en sort une prise de conscience de l’échec d’une personne dans la société moderne pragmatique.

Qu’est-ce qui a été indispensable sur ce tournage ?

La pierre angulaire de toute la structure du film repose sur l’image et la lumière. Ce concept, c’est la tendre indifférence du monde. Nous avons essayé de filmer chaque image de manière à ce qu’elle exprime un sens nécessaire à la narration, sans se référer aux répliques ou à l’intrigue. L’image raconte, le récit est silencieux.

Quelques mots sur vos acteurs ?

Les acteurs m’ont aidé à préparer ce film en écartant la plupart de mes répliques mal tournées.

Dinara Baktybayeva est connue au Kazakhstan mais elle reste simple en tournage. Elle a su livrer les émotions que j’attendais dès les premières prises au point que je l’appelais « Dinara-première-prise ». Elle doutait de cela mais pourquoi tourner encore si c’était bon ? Elle n’a eu aucun problème avec le rôle.

Kuandyk Dussenbaev a beaucoup de tempérament. Il est agressif et doux à la fois et c’est bien ainsi. Il dissimule un danger derrière une apparente bonté. J’apprécie cette faille intérieure, c’est impossible à jouer. C’est quelqu’un d’apparemment simple mais de complexe à l’intérieur.

Qu’avez-vous appris en réalisant La Tendre indifférence du monde ?

J’ai appris à demander aux acteurs de cacher leurs pensées et leurs sentiments. Les émotions devaient apparaître au début pour ensuite être enfouies. C’est plus simple de les montrer que de les dissimuler. J’ai aussi apprécié le travail sur la lumière sans électricité. La lumière du soleil réfléchie est parfaite.

Quelles sont vos sources d’inspiration pour ce film ?

Henri Rousseau, Albert Camus, Pierrot Le Fou et Peter Weir.

À quoi se résume l’industrie cinématographique au Kazakhstan ?

À la tendre indifférence à l’art du cinéma.

De quoi parlera votre prochain film ?

Mon prochain projet parlera d’une petite migrante qui veut aller à l’école. Mais elle n’a pas encore la nationalité, qu’elle ne peut obtenir qu’en passant des examens. Pour s’y préparer, elle doit trouver un tuteur pas cher et on lui recommande un scénariste au chômage d’une cinquantaine d’années. C’est une histoire sur le pouvoir du savoir et l’obsession d’un homme pour la lumière et l’art en dépit de la réalité.