Rendez-vous avec… Nicolas Winding Refn

Rendez-vous avec Nicolas Winding Refn © Eliott Chalier

 

C’est dans une salle comble que s’est déroulé ce premier rendez-vous avec Nicolas Winding Refn, réalisateur danois et Prix de la mise en scène pour son film Drive en 2011. Accompagné par le journaliste Philippe Rouyer, le réalisateur est revenu sur sa carrière, ses influences et ses choix. Il s’est aussi exprimé sur le format de sa nouvelle série expérimentale de dix épisodes produite par Amazon, Too Old to Die Young, dont deux épisodes ont été projetés hier soir Hors Compétition.

 

Sur la créativité :  
La créativité nous rend vivants. Elle a le pouvoir de changer le monde : elle nous permet de transmettre des choses aux autres, qui resteront toujours avec eux. La créativité, c’est le moyen par lequel on s’exprime. 

Sur son travail : 
J’ai toujours voulu canaliser mes émotions à travers les images. J’aime la spontanéité, l’imprévisibilité. J’aime aller à contre-courant des attentes. Je m’imagine ce que je voudrais voir, et j’essaie de le réaliser. La règle d’or, c’est de ne jamais être à l’aise, ne jamais refaire ce qu’on a déjà fait et faire chaque film comme si c’était le dernier. 

Sur les séries et le streaming :
Pendant que je réalisais The Neon Demon, Netflix commençait à devenir de plus en plus populaire à Los Angeles. On me disait : « Il faut que tu fasses quelque chose pour la télévision. » Je ne voulais pas, mais je me suis intéressé à ce concept que je trouvais intéressant. J’ai décidé de faire une série en plusieurs épisodes. Je voulais faire quelque chose qui donnerait la liberté de s’arrêter et reprendre le visionnage comme on veut. 

Sur Too Old to Die young :
Je suis parti de deux thèmes : la religion et la mort. En 2016, les élections aux États-Unis m’ont beaucoup affecté. Je m’en suis inspiré pour la série. Le tournage a duré dix mois et je travaillais chaque jour sans relâche. J’avais l’impression de devenir fou, mais ça en devenait drôle. J’étais très libre. J’ai coupé et séparé chaque épisode là où bon me semblait. C’était comme peindre une énorme toile, puis la partager en petits morceaux pour les donner aux spectateurs. 
 

« La règle d’or, c’est de ne jamais être à l’aise, ne jamais refaire ce qu’on a déjà fait et faire chaque film comme si c’était le dernier. »

Sur Miles Teller, rôle principal dans Too Old to Die Young :
On s’est rencontrés et on a discuté chez moi. On s’est regardés droit dans les yeux pendant un moment. Je me suis rendu compte qu’il ressemblait beaucoup à Elvis Presley. Comment ne pas donner un rôle à un acteur qui ressemble à Elvis ?! 

Sur le silence dans ses films, et en général :  
Le silence est l’une des choses les plus importantes qui soit. Le calme et le silence révèlent l’âme.  

Sur l’humour dans ses films :
Je pense que tous mes films sont comiques, d’une certaine manière. Pourquoi ne pas mélanger les genres et les thèmes ? Le sexe, l’humour, la violence, … 

Sur sa dyslexie et son daltonisme :
Je suis dyslexique mais cela ne m’arrête pas dans mes projets, si je n’arrive pas à écrire quelque chose, quelqu’un d’autre le fait pour moi. J’ai transformé mon daltonisme en avantage. Accepter les choses que nous ne pouvons pas faire permet d’aller de l’avant. 

Sur son futur projet :
Je veux faire un nouveau long-métrage l’année prochaine. Le projet a déjà commencé. J’ai le titre, « I’m Going to Kill You », le concept, et je sais quoi faire avec.