Bigger Than Us, où quand la jeunesse se soulève

Photo du film Bigger than us © 2021 - ELZE´VIR FILMS - BIG MOTHER PRODUCTIONS - ALL YOU NEED IS PROD - FRANCE 2 CINEMA

 

Durant sept mois, l’écrivaine française Flore Vasseur et l’activiste indonésienne Melati Wijsen ont sillonné le monde à la rencontre de jeunes militants en lutte pour le climat et la justice sociale. Avec une question : quelle force les anime ?

Comment est né Bigger Than Us ?

Je me suis toujours intéressée à ceux qui essayent de trouver des solutions. J’ai rencontré des lanceurs d'alerte que j'ai tenté de valoriser pour déclencher chez les gens une envie d'agir. Mais il persiste dans nos sociétés une forme de résistance inhérente à l'idée du changement. J’ai voulu montrer ce qui fait qu'un jour, vous arrêtez tout pour suivre une idée plus grande que vous. Et que cet esprit de résistance se situe dans la part la plus magique de nous-même : l'enfance.

Comment votre travail avec Melati Wijsen s’est-il construit ?

Dès 2016, j’ai pris conscience qu’une forêt de jeunes comme elle se levait sans que personne ne la remarque. Je suis tombé à la renverse en la rencontrant. Dans le corps de cette jeune fille, j'entendais toute la sagesse d’un Edward Snowden, mais je la voyais s’épuiser. Le danger, c'était que son énergie soit étouffée par l'inertie des adultes. Je lui ai glissé l’idée de rencontrer de jeunes activistes pour se donner le courage de continuer.

Quel regard portez-vous sur cette génération ?

Je vois en elle une franchise et une lucidité que peu d'adultes ont. Ces enfants sont nés avec la catastrophe qu’on a créée. Ils ont vu leurs parents au chômage, les mers polluées, la détresse et les pillages. Tout a explosé avec leur enfance. Ils sont nés avec l’envers du décor. C'est la génération climat mais elle s'engage pour bien plus que ça. Elle sait que tout est lié.

Vos convictions n’apparaissent jamais à l’écran…

Je ne voulais pas être dans la toute-puissance de l'adulte qui vient poser sa caméra, je voulais donner à ces jeunes l'occasion de se connecter. Mon objectif était de poser un cadre pour que la conversation ait lieu.

Quel était votre postulat de départ ?

C’était de considérer que la question environnementale est le symptôme d'un problème plus large : une civilisation construite sur des inégalités sociales. Les jeunes comprennent très bien où elles se situent.

Comment avez-vous sélectionné ces jeunes militants ?

Cela a été un énorme travail. Je ne voulais pas être dans l'incantation, ni dans des démarches téléguidées par les parents. Il me fallait des choses à montrer puisqu'on était dans le documentaire. Beaucoup de ces militants luttent depuis très longtemps et ne demandent rien. J’ai souhaité montrer que ce combat vient de leurs tripes.

Un mot sur le tournage ?

Nous avons filmé durant sept mois et terminé avec 300 heures de rush. Sur les tournages, mon obsession était de trouver le moyen de provoquer ces rencontres et de les capter. Il y a eu aussi de vrais instants de grâce. C'est un film sur la capacité à se connecter humainement.

Avez-vous un nouveau projet ?

Je n'en ai pas terminé sur cette jeunesse qui se lève. Je rêve d’une suite. Il n’y a rien de plus important que de dire aux générations qui arrivent que ce combat leur appartient et que c'est une formidable façon de vivre. Je ne sais pas très bien où ce fil rouge va me mener. Mais j'adore l’idée qu’il soit plus grand que moi.