Cette musique ne joue pour personne : entretien avec Samuel Benchetrit

Photo du film Cette musique ne joue pour personne © 2021 SINGLE MAN PRODUCTIONS-UGC IMAGES-JM FILMS-GAPBUSTERS-RTBF-PROXIMUS-BE TV-PICTANOVO

 

Après Asphalte présenté en Séance Spéciale en 2015, Samuel Benchetrit revient sur la Croisette avec Cette musique ne joue pour personne sélectionné à Cannes Première. Une comédie absurde et poétique qui raconte la découverte sensible de l’art par des êtres solitaires, imparfaits et profondément humains. Rencontre.

Cette musique ne joue pour personne est une peinture du quotidien des ouvriers et travailleurs de la classe populaire dunkerquoise. Déjà avec Chien, vous aviez tourné à Bruxelles, à Colmar pour Asphalte… Les paysages du Nord permettent-ils de donner une atmosphère particulière à vos films ?

Ce sont des paysages qui m’attirent de manière complètement mystique… Il y a dans l’architecture naturelle, les ciels, la lumière, quelque chose d’assez froid. Et en parallèle, un accueil très chaleureux et tendre des gens du Nord. On a d’ailleurs proposé à des dockers du coin de participer à quelques scènes.

Au casting, on retrouve François Damiens, Ramzy Bedia, JoeyStarr, Gustave Kervern, Bouli Lanners, Vincent Macaigne, Vanessa Paradis, Valeria Bruni-Tedeschi… Comment s’est fait le choix des acteurs pour incarner ces héros du quotidien ?

J’ai vraiment fait le film pour travailler avec eux. J’avais déjà tourné avec la plupart. Tous avaient quelque chose qui me plaisait pour incarner ces gars. J’ai visualisé cette bande, qui me faisait penser aux copains de mon père. En plus, ils se connaissent bien dans la vie. Les personnages du film forment une sorte de famille : je me suis beaucoup appuyé sur leur complicité, sur leur connexion intime.

La tendresse semble avoir été le maître mot dans l’écriture de ce projet… Était-ce également une ligne directrice sur le plateau dans la direction de vos acteurs ?

Oui, la tendresse, c’est ce qui guide ma vie, au-delà du film. Les rapports de tendresse m’intéressent beaucoup. Le plateau était merveilleusement tendre, c’est vrai. On aurait pu croire qu’avec ces acteurs, ça aurait été fou… Ça l’était aussi ! Mais on n’a jamais perdu la tendresse, l’élégance, c’était très agréable. Le film parle de personnes confrontées à une tendresse. Dès le début du film, ils font face à une embrouille qu’ils vont devoir affronter, mais ils trouvent une douceur, un poème au fond d’eux-mêmes, pour y faire face.

« La tendresse, c’est ce qui guide ma vie, au-delà du film. Les rapports de tendresse m’intéressent beaucoup. »

La musique a une place importante dans le film, déjà dès le titre… Était-ce pour vous la porte d’entrée la plus universelle pour raconter ce bouleversement qu’opère la découverte de l’art dans leur vie ?

Oui, la musique était ma porte d’entrée. Ou le silence, qui est aussi une musique que l’on choisit. Cette musique ne joue pour personne, c’est la musique du cœur, c’est l’amour, qui joue de temps en temps, puis s’arrête. Il y a deux sortes de musiques dans le film : les morceaux de piano solo de Gonzales, et de la variété, des chansons d’amour, qu’on retrouve sur la radio Nostalgie qu’écoute le personnage de Ramzy tout au long du film. La musique donne vraiment un rythme au film, et amène un peu plus de mélancolie.

Comment envisagez-vous ce retour à Cannes au sein de la sélection Cannes Première ?

Je suis très heureux d’aller à Cannes, c’est un festival très important. On y voit de très grands films, on se confronte à ses pairs. Et il y a une certaine excitation à retrouver l’équipe du film, encore plus après l’année qui vient de s’écouler…