Les Héroïques, ou le combat de ceux que la vie a brisés

Photo du film Les héroïques © TS Productions - Marianne Productions - 2021

 

Pour son premier long métrage, Maxime Roy a adapté l’histoire personnelle de l’acteur François Créton, qui interprète un père de famille désireux de reprendre sa vie en main après des années d’excès. Présenté en Séance spéciale, Les Héroïques rend compte du quotidien difficile des invisibles de notre société.

Quelle est l’origine des Héroïques ?

Ma rencontre avec François Créton. Je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose à dire de l'enfance difficile de François et de l’impact qu’elle a eu sur lui. J'ai eu envie de décrire son rapport au monde, à la paternité et à l'enfance. Mais aussi de raconter ce que cela signifie d'être un homme de 55 ans brisé par toute une existence d'alcool et de drogues. Je voulais montrer comment il s’est reconstruit avec l'arrivée d'un enfant.

De quelle façon avez-vous collaboré avec lui ?

François a été mon ex beau-père. Je l'ai accompagné aux Alcooliques anonymes et dans les centres de désintoxication pour arrêter la méthadone. Quelque chose m’a bouleversé dans cette lutte qu'il menait pour essayer d'être quelqu'un de bien. Je me suis dis que c’était à son tour de se trouver dans la lumière et que pour cela, je devais filmer son combat.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans son initiative pour rester digne ?

Sa force. Pour lui, il fallait se relever et pour se relever, il fallait partir de très loin. Et sa démarche le rend d’autant plus héroïque que c'est vraiment un combat silencieux qui a demandé beaucoup de respirations.

Votre film était aussi un moyen de donner la parole et un visage aux invisibles comme lui ?

Absolument. L'idée était, à travers les personnages de François et de son fils Roméo – qui interprète son propre rôle dans le film – de raconter l'histoire de tout un peuple de gens silencieux qui se battent quotidiennement pour rester debout et digne. Le peuple des vingt-quatre heures, comme les appelle François.

Ce film a fait l’objet d’un court intitulé Beautiful Loser

Je porte ce projet de long métrage depuis un moment mais je voulais faire un essai pour mettre en scène François. Le court-métrage s’est écrit comme un brûlot, en quelques jours, et on l’a tourné moins d’une semaine après avec une équipe minuscule, caméra à l'épaule, comme un témoignage.

Pouvez-vous évoquer vos choix visuels ?

Comme je cadre moi-même mes films, je filme les gens comme je les vois. C'est très important pour moi de vivre la scène avec les acteurs. Je tourne à l'épaule pour être totalement embarqué là où l'émotion m'emporte. Je ne théorise rien. Tout est très instinctif.

Richard Bohringer ou encore Ariane Ascaride viennent se mêler à des inconnus qui jouent leur propre rôle…

J'avais envie de m'entourer d'acteurs qui connaissent ce monde-là et qui soient aussi des êtres humains. Tous ont adhéré à ce projet parce qu'ils avaient quelque chose à jouer de leur intimité. Le scénario a été totalement adapté à chacun et j'ai l'impression qu'on a trouvé ensemble une espèce de vérité commune, devant comme derrière la caméra.

Pouvez-vous évoquer votre prochain projet ?

Je suis en préparation d'un second long métrage qui s'intitule Des Gens qui doutent. Il narre l’histoire d'une jeune femme en quête de reconnaissance qui essaye de devenir chanteuse alors qu'elle tombe enceinte.