Avis de tempête dans Triangle of Sadness de Ruben Östlund
Il avait fait sensation avec l’explosif The Square, Palme d’or en 2017, et Snow Therapy, Prix du Jury Un Certain Regard en 2014. Ruben Östlund est de retour à Cannes en Compétition pour présenter Triangle of Sadness (Sans filtre). Il nous emmène en haute mer le temps d’une satire de l’univers de la mode.
Carl et Yaya ont bien mérité leurs vacances. Après la Fashion Week, ce couple de mannequins influenceurs embarque sur un yacht pour une croisière de luxe. Le personnel est aux petits soins, le cadre est somptueux, ils vont pouvoir abreuver leurs réseaux de photos plus enviables les unes que les autres. Jusqu’à ce qu’un jour, une tempête menace…
Le titre Triangle of Sadness est une référence du monde de l’esthétique. Il s’agit d’une ride au niveau du front qui a inspiré Ruben Östlund : « En suédois, on appelle ça la ride du souci, elle serait le signe qu’on a eu beaucoup d’épreuves dans sa vie. »
« J’ai trouvé que c’était révélateur de l’obsession de notre époque pour l’apparence et du fait que le bien-être intérieur est, d’une certaine manière, secondaire. »
Comment l’apparence physique et le vêtement confèrent-ils pouvoir et influence ? Voici le point de départ de Ruben Östlund, coutumier de la satire sociale. Pour la préparation de ce film, le réalisateur s’est appuyé sur les connaissances de sa femme, photographe de mode et familière des stratégies marketing comme des conditions de travail des mannequins.
Ruben Östlund s’est fait un malin plaisir à transformer son bateau ivre en grande scène tragicomique. À bord, les riches, les beaux et les puissants cohabitent avec un personnel modeste et bienveillant. La tempête va chambouler les rôles et redistribuer le pouvoir au-delà de la fortune et des apparences. Ce chavirement donne lieu à des situations aussi hilarantes que dérangeantes dans un subtil dosage dont le réalisateur suédois a le secret.