Burning Days : seul face à la corruption d’un système

Photo du film KURAK GÜNLER (BURNING DAYS) de Emin ALPER © 2022 AY YAPIM, LIMAN FILM, ZOLA YAPIM, GLORIA FILMS, POLA PANDORA, CIRCE FILMS, HORSEFLY PRODUCTIONS, 4 FILM

Pour son quatrième long métrage, Kurak Günler (Burning Days), présenté en sélection Un Certain Regard, Emin Alper a choisi un thème très politique : la crise de l’eau dans l’Anatolie rurale. Entre corruption, traditionalisme et violence, le réalisateur turc brosse un portrait critique de la Turquie profonde et populiste.

Emre (Selahattin Paşali), jeune procureur idéaliste avec un grand sens de la justice, est muté dans la petite ville de Yaniklar, durement touchée par un manque d’eau et dirigée d’une main de fer par un maire autoritaire. Très vite, le jeune homme fait face à la corruption qui gangrène toutes les institutions locales, le poussant à remettre en cause son idée même du bien et de la justice. Dans sa lutte, son seul soutient est Murat (Ekin Koç), le mystérieux propriétaire du journal de la ville, avec qui il développe une relation ambigüe et mal vue par les habitants.

 

Dans Burning Days, deux visions de la Turquie s’opposent. Un courant progressiste, citadin, tourné vers la justice sociale et le respect des autres, et un autre conservateur, autoritaire et populiste, souvent associé à la corruption et aux milieux ruraux. Mais loin d’être manichéen, ce long métrage démontre que personne n’incarne parfaitement le bien ou le mal et que même les meilleures intentions peuvent échouer face à un système dirigé par de mauvaises personnes.

 

Au-delà de la question philosophique du bien et du mal, Emin Alper dénonce « l’illusion populiste », qui en jouant sur la peur, plonge des peuples entiers dans la misère. Une façon pour le réalisateur, diplômé en histoire moderne, de raconter les maux de la société turque à travers le microcosme de la ville fictive de Yaniklar.