Rendez-vous avec Agnès Jaoui

Rendez-vous avec Agnès Jaoui

Chaque étape de sa carrière est en accord avec les engagements et la vision d’Agnès Jaoui. Qu’elle soit actrice, scénariste, réalisatrice ou chanteuse, elle s’efforce de sonder la société et la psychologie à travers les personnages qu’elle crée ou qu’elle incarne. C’est donc une artiste complète, aussi intelligente que drôle, qui a donné Rendez-vous aux festivaliers aujourd’hui. Retour sur quelques temps forts.

Agnès Jaoui revient sur son envie d’être actrice. Dans son récit, elle s’attarde sur une conversation qui a eu lieu lors de sa première visite à Cannes alors qu’elle était étudiante.

Je suis venue là en caravane avec des potes. Un jour, j’ai pris un café avec un type qui m’a dit : « T’es trop intelligente pour être actrice. » J’ai eu la répartie de lui répondre : « Alors si je suis trop intelligente, je serai actrice. » Il y a ce que ça porte comme objet de désir de l’actrice qui ne peut pas être intelligente. Je ne pouvais pas renoncer à ce métier, ni renoncer à ma vision du monde. Quitte à en faire débander quelques uns.

D’actrice à scénariste : la naissance du duo avec Jean-Pierre Bacri

On avait des révoltes communes, la sensation de ne pas penser comme la majorité. On avait souvent la même colère et c’était un moteur la première fois qu’on a écrit. On voulait aussi jouer dans nos films parce que quand on a écrit pour d’autres, comme Alain Resnais, on avait quand même cette frustration de ne pas jouer.

Le déclic de la réalisation

C’est en voyant les films que je n’aimais pas, comme quand on se dit : « Ah je n’ai pas aimé l’adaptation de ce roman. » Je me suis rendu compte que je ne retrouvais pas ce que j’avais imaginé. C’était aussi une question de maturité. Écrire, c’était devenir adulte.

« Mettre en scène, c’était devenir parent, porter les autres, les materner, les accompagner. Je me suis sentie légitime. »

La direction d’acteur… par une actrice

Être actrice, ça aide. Je sais comment fonctionnent les acteurs. Enfin, tous n’ont pas le même fonctionnement. Certains ont besoin de beaucoup de liberté et d’autres d’êtres très guidés. Après, il y a des réalisateurs qui ont besoin de travailler dans la violence, de pousser à bout.

Pour plus de diversité à l’image

Le rôle de l’artiste, c’est de montrer des femmes, des hommes, des lieux que vous n’auriez pas regardé de prime abord. Et par leur prisme et à force de les faire voir, nous amener à les trouver beaux.

Son rapport au corps et à l’écran

Quand on me demandait plus jeune d’être nue, ça me déplaisait, je le ressentais comme une agression, comme un viol. Alors qu’aujourd’hui, pour moi, c’est un acte militant.

À propos de ses personnages, souvent mélancoliques

Je crois que mélancolie est mon deuxième prénom. J’ai toujours écrit des rôles qui sont des facettes de moi-même. Ça m’échappe un peu mais j’écris des personnages qui ont une complexité, des désirs et des dégoûts, des ambitions. Il y a des films où c’est compliqué d’être actrice parce que le rôle n’a que pour fonction d’être le faire-valoir d’un homme.