Sergei Loznitsa interroge l’instrumentalisation des civils en temps de guerre

Photo du film THE NATURAL HISTORY OF DESTRUCTION (L’HISTOIRE NATURELLE DE LA DESTRUCTION) de Sergei LOZNITSA © Progress Film

Qu’il se place du côté de la fiction ou du documentaire, le cinéma de Sergei Loznitsa interroge l’histoire de l’Ukraine et de l’Europe. Que ce soit Dans la brume, Maïdan ou Donbass,  ses films participent du travail de mémoire. Aujourd’hui, il présente en Séance Spéciale The Natural History of Destruction (Histoire naturelle de la destruction) où il interroge le passé pour en tirer des leçons plus que jamais d’actualité.

Est-il moralement acceptable d’employer la population civile comme instrument de guerre? Peut-on justifier la destruction de masse au nom d’un idéal moral supérieur? Les réponses, Sergei Loznitsa les cherche dans les images de la Seconde Guerre Mondiale.

Sans commentaire, à base d’archives uniquement, Histoire naturelle de la destruction s’inspire de l’œuvre de W.G. Sebald, une série d’essais consacrée aux bombardements menés par les Alliés et par l’Axe.

« Cette lecture m’a inspiré parce que d’importantes questions sont posées et restent aujourd’hui sans réponses. Si on regarde l’actualité, on voit que des armées dans plusieurs pays considèrent qu’il est possible, voire raisonnable, d’attaquer les populations, de détruire des villes et de cibler des infrastructures civiles comme arme de guerre. »

Lorsque Sergei Loznitsa a initié ce projet, la guerre en Ukraine n’avait pas commencé. C’était en 2018 et il était difficile pour lui d’obtenir les financements nécessaires à l’acquisition des images d’archives, très onéreuses. Il aura fallu trois ans aux équipes pour y parvenir et, pure coïncidence, Histoire naturelle de la destruction est terminé alors que la guerre fait rage en Ukraine. Ce conflit, Loznitsa le sentait déjà venir en 2018, alors que Donbass venait de sortir, alertant qu’il ne s’agissait pas d’un conflit localisé mais du début d’une grande guerre.