Visions of Eight, revivre l’été 72 avec Claude Lelouch

Photo du film VISIONS OF EIGHT de Miloš FORMAN, Kon ICHIKAWA, Claude LELOUCH, Youri OZEROV, Arthur PENN, Michael PFLEGHAR, John SCHLESINGER, Mai ZETTERLING © IOC

Au-delà de son statut de documentaire officiel des Jeux olympiques d’été de 1972 à Munich, Visions of Eight propose huit façons de s’intéresser à cet évènement sportif à travers les caméras de huit réalisateurs cultes. Golden Globe du meilleur documentaire en 1974, le ou plutôt les films de Youri Ozerov, Kon Ichikawa, Michael Pfleghar et leurs cinq compagnons de cinéma auront marqué à jamais la manière de filmer le sport. Entretien avec Claude Lelouch, qui présentera le film à Cannes Classics.

Comment est né le projet ? D’où vient cette volonté d’associer huit réalisateurs ?

Pour filmer les JO de Munich, de grands metteurs en scène venant de pays différents ont été choisis. Pour la France on m’a appelé et on m’a demandé de participer au projet. J’avais déjà filmé les JO d’hiver en France avec François Reichenbach, et évidemment quand j’ai vu la liste des metteurs en scène internationaux, toutes les raisons étaient réunies pour que je dise oui.

 

La plupart des réalisateurs présents sur le projet ont choisi de traiter les thèmes liés aux épreuves en elles-mêmes, vous n’avez pas suivi cette voie en choisissant une narration autour des perdants. Pourquoi ce choix ?

Les perdants sont plus touchants que les gagnants ! Dans le sport, les perdants sont des gens qui souffrent. Les vainqueurs ont tout à leur disposition alors que le perdant rentre chez lui, il est malheureux… J’ai trouvé pertinent de creuser cet axe.

 

On dit souvent que Visions of Eight a franchi une étape supplémentaire dans la manière de filmer le sport, avez-vous pu ressentir l’influence du film sur les documentaires sportifs sortis après 1973 ?

Non je ne pense pas. On s’est tous un peu amusés, tous les metteurs en scène ont essayé de filmer autre chose que la compétition, qui en soi était assurée par le direct. On a voulu filmer le sport à travers le regard de cinéastes qui n’étaient pas spécialistes du sujet. La vision artistique était plus forte que la vision sportive.

 

Y-a-t-il de l’entraide entre les réalisateurs ?

Je me souviens que Miloš Forman m’avait pris quelques images. C’était un plan d’un juge en train de dormir pendant la compétition. Quand je l’ai montré à Miloš, il était mort de rire et a demandé si je pouvais le lui donner pour son film. Je lui ai fait cadeau de ce plan, Miloš était un très grand ami à moi. J’étais ravi qu’il utilise mes images dans sa séquence.

 

Le film est présenté à Cannes Classics cette année, presque 50 ans après. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Ni moi, ni les autres metteurs en scène n’avions le final cut, il s’agit davantage d’un film de producteur. J’avais proposé un autre montage de ma séquence mais compte tenu des contraintes de la production, le montage a été refait.

 

Visions of Eight est-il toujours d’actualité ?

Bien sûr. Tous les réalisateurs impliqués dans le projet sont des metteurs en scène de grand talent donc on retrouve leur trace, leur style, leur façon de filmer. Je pense que c'est surtout à ce titre que le film est intéressant.